Un chan­ge­ment de culture

La transition numérique chamboule radicalement notre société, ainsi que le monde des fondations. Elle leur offre l’opportunité de travailler sur de nouveaux domaines d’activité, d’utiliser de nouvelles formes de coopération et d’optimiser la communication. La question n’est pas de savoir si une fondation peut aider à façonner ce développement mais bien comment elle peut le faire. Chacun d’entre nous est partie prenante de la numérisation.

Là où autre­fois de puis­san­tes impri­man­tes appo­sai­ent des lett­res sur du papier, aujourd’hui les tableaux blancs lumi­neux et les grands écrans vous invi­tent à formu­ler vos propres pensées et idées et à les parta­ger avec les autres. Même si c’est une coïn­ci­dence, le passage à une société numé­ri­que ne peut guère être illus­tré de manière plus stéré­o­ty­pée qu’avec le rempla­ce­ment des pres­ses typo­gra­phi­ques. Il y a deux ans, la Fonda­tion Botnar a installé ses bureaux dans une anci­enne impri­me­rie de la vieille ville de Bâle. Poly­va­lent, lumi­neux, moderne… un univers de travail qui répond aux beso­ins actuels. 

Karin Schu­ma­cher est la direc­trice géné­rale de la Fonda­tion Botnar ; elle a conçu et aménagé les bureaux avec l’ensemble de son équipe. La tâche n’était cepen­dant pas tant struc­tu­relle que concep­tu­elle. «Nous vouli­ons créer de l’espace pour des proces­sus agiles», expli­que-t-elle. Le travail de colla­bo­ra­tion doit aussi bien fonc­tion­ner sur site qu’à distance, lors­que les membres de l’équipe sont en dépla­ce­ment. Ce sont les nouveaux outils numé­ri­ques qui en consti­tu­ent donc les fonde­ments. Pour y parve­nir, Mme Schu­ma­cher a dû tout repen­ser à partir de zéro. «Tout ne s’est pas toujours déroulé selon nos plans. Mais ça fait partie du jeu», dit-elle. «Nous vouli­ons égale­ment pouvoir expé­ri­men­ter et avoir le droit à l’erreur.»  

Karin Schu­ma­cher, direc­trice des opéra­ti­ons et Stefan Germann, PDG de la Fonda­tion Botnar en pleine discussion.

Nouvel­les ques­ti­ons, nouveau potentiel

Karin Schu­ma­cher, à l’entrée de la salle de réunion Nissan. Photo: Kostas Maros.

L’univers des fonda­ti­ons est très hété­ro­gène. En Suisse, on compte 13 000 fonda­ti­ons enre­gis­trées qui pour­suivent autant d’objectifs différ­ents. En consé­quence, à la ques­tion de savoir comment elles envis­agent de se saisir de la numé­ri­sa­tion, elles ont toutes des répon­ses diffé­ren­tes. Commu­ni­ca­tion, colla­bo­ra­tion, projets… De nouvel­les ques­ti­ons surgis­sent dans tous les domaines. Quel­les sont les oppor­tu­ni­tés, où sont les défis? Et quel béné­fice en tire une fonda­tion? La situa­tion actu­elle montre que les fonda­ti­ons en sont à différ­ents stades de numé­ri­sa­tion, chacune avec ses propres objectifs. 

La responsa­bi­lité découle de l’opportunité

Ces ques­ti­ons peuvent être abor­dées et trai­tées en profon­deur au moment de la créa­tion d’une nouvelle fonda­tion. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une nouvelle fonda­tion, la Fonda­tion Botnar s’est trou­vée dans une situa­tion où elle pouvait et devait se repo­si­ti­onner. C’est Marcela Botnar qui avait créé la fonda­tion à la fin de l’année 2003 en la dotant d’un capi­tal de 25 milli­ons de francs. Marcela était la veuve d’Octav Botnar, qui avait gagné sa fortune comme impor­ta­teur et distri­bu­teur de Datsun et de Nissan en Grande-Breta­gne. Tous deux étai­ent des phil­an­thro­pes. A sa mort en 2014, Marcela Botnar a légué toute sa fortune à la fonda­tion portant son nom. Du jour au lende­main, le capi­tal de cette fonda­tion a donc atteint les 3,2 milli­ards de francs. Tout cet argent a néces­sité davan­tage de responsa­bi­lité. La fonda­tion a dû se réin­ven­ter. «Nous avons mûre­ment réflé­chi au savoir-faire, aux compé­ten­ces et aux proces­sus permet­tant d’assurer une gestion profes­si­on­nelle et trans­pa­rente des fonds de la fonda­tion», déclare Karin Schu­ma­cher. L’équipe a été soigneu­se­ment consti­tuée et est désor­mais complète depuis l’été 2019. Celle-ci a d’ailleurs été forte­ment solli­ci­tée pour parti­ci­per à la concep­tion des proces­sus de travail de la fonda­tion. L’expérience et le savoir-faire des colla­bo­ra­teurs, que ceux-ci avai­ent déjà acquis dans d’autres fonda­ti­ons, dans le secteur privé ou au sein d’ONG, ont joué un rôle majeur dans cette étape. Aujourd’hui, la Fonda­tion Botnar utilise ces proces­sus pour octroyer des subven­ti­ons à hauteur de 60 à 70 milli­ons de francs par an.

Repen­ser la coopération

Très peu de fonda­ti­ons béné­fi­ci­ent de moyens compa­ra­bles. Beau­coup d’entre elles n’ont même pas leurs propres locaux. Et bien souvent, leurs travail­leurs sont béné­vo­les. «Les membres du Conseil de fonda­tion sont enga­gés dans la vie active, ils ont besoin d’un fonc­tion­ne­ment à distance», expli­que Katha­rina Guggi, responsable de la commu­ni­ca­tion et de la stra­té­gie numé­ri­que chez Swiss­Foun­da­ti­ons. Elle ajoute: «Les nouveaux outils de commu­ni­ca­tion numé­ri­ques offrent de grands avan­ta­ges en termes de colla­bo­ra­tion notam­ment pour les fonda­ti­ons, car ils simpli­fi­ent gran­de­ment le travail décen­tra­lisé.» L’association Swiss­Foun­da­ti­ons compte actu­el­le­ment 170 fonda­ti­ons dona­tri­ces. Son siège est établi dans la Kirch­gasse, au cœur de Zurich. Lors­que Katha­rina Guggi est entrée en fonc­tion il y a main­ten­ant deux ans, elle a dû trai­ter, visua­li­ser et struc­tu­rer les données analo­gi­ques existan­tes. Pour elle, il était clair que Swiss­Foun­da­ti­ons allait devoir s’interroger sur sa propre façon de mener ses colla­bo­ra­ti­ons. Dans toute orga­ni­sa­tion, la numé­ri­sa­tion impli­que que les employés et employées chan­gent leurs habi­tu­des. Parce qu’il ne suffit pas de repro­duire numé­ri­quement des proces­sus existants lors­que l’on souhaite exploi­ter tout le potentiel de la numé­ri­sa­tion. Il convi­ent de repen­ser la coopé­ra­tion. La numé­ri­sa­tion est un projet de trans­for­ma­tion et tout chan­ge­ment s’accompagne souvent d’incertitude et de résis­tance en interne. C’est d’abord et avant tout utili­ser soi-même de nouveaux outils, se fami­lia­ri­ser avec eux et inté­grer les nouvel­les possi­bi­li­tés dans la vie quotidienne. 

Katha­rina Guggi, responsable commu­ni­ca­tion et stra­té­gie numé­ri­que chez Swiss­Foun­da­tion, sur son lieu de travail. Photo: Kostas Maros

Eléments de numérisation

Dans son travail quoti­dien, Katha­rina Guggi utilise Slack plutôt que la messa­ge­rie clas­si­que, elle retrouve les données sur le cloud, elle suit l’évolution des projets dans Trello, un logi­ciel en ligne de gestion de tâches. Le point commun de tous ces outils, c’est leur trans­pa­rence. Trello permet à toutes les parties pren­an­tes de consul­ter l’état d’avancement d’un ou de plus­ieurs projets. Slack permet de lancer des discus­sions instanta­nées à plus­ieurs. Andrew Holland, direc­teur géné­ral de Merca­tor Suisse, est du même avis. Cette fonda­tion a été créée en 1998 par les héri­tiers de Karl Schmidt, une famille alle­mande de commer­çants et d’entrepreneurs, basée à Zurich. L’année dernière, cette fonda­tion a soutenu des projets cari­ta­tifs à hauteur de 19,5 milli­ons de francs suis­ses. Andrew Holland s’exprime: «La numé­ri­sa­tion commence logi­quement au sein des bureaux. Nous sommes les acteurs de cette tran­si­tion. La nouvelle orga­ni­sa­tion du travail et l’utilisation d’outils de colla­bo­ra­tion moder­nes font déjà partie de notre quoti­dien.» Grâce à ces éléments, il devi­ent plus aisé de faire face à la comple­xité des théma­ti­ques actu­el­les. La numé­ri­sa­tion au bureau se fait à trois niveaux: dans les proces­sus et les produits, dans les métho­des de travail et les struc­tures, ainsi que dans la culture, la gouver­nance et le leadership.

Une base insolite

Rolf Zuber­büh­ler, Verena et Walter Boss­hard à la maison vigneronne.

La culture se trouve modi­fiée par la numé­ri­sa­tion. Ce proces­sus de trans­for­ma­tion peut être déclen­ché par un chan­ge­ment de person­nel. Les peti­tes fonda­ti­ons sont parti­cu­liè­re­ment marquées par l’engagement person­nel. En effet, un chan­ge­ment au sein des peti­tes équipes favo­rise géné­ra­le­ment le déve­lo­p­pe­ment numé­ri­que. La fonda­tion «Stif­tung der 5. Euro­pa­meis­ter­schaf­ten für Sehbe­hin­derte 1989 in Zürich» se situe au cœur de cette trans­for­ma­tion. Le nom de cette fonda­tion (fonda­tion des 5e Cham­pion­nats d’Europe pour person­nes aveugles et malvoy­an­tes en 1989 à Zurich)trahit son histoire inso­lite. Rolf Zuber­büh­ler, le prési­dent de cette nouvelle fonda­tion, raconte: «Une mani­fes­ta­tion d’entreprise de la Holder­bank Kies + Beton AG en est à l’origine». A l’occasion de son 25e anni­ver­saire, plutôt que d’organiser une grande céré­mo­nie, l’entreprise a souhaité soute­nir la pratique spor­tive pour les malvoyants. Holder­bank Kies + Beton AG a donc fourni l’infrastructure pour les 5e Cham­pion­nats d’Europe pour person­nes aveugles et malvoy­an­tes à Zurich. «Curieu­se­ment, à la fin de l’évènement, on en voulait encore!», raconte M. Zuber­büh­ler. C’est donc l’engagement person­nel qui a porté la fonda­tion. Walter Boss­hard, avec le soutien de son épouse Verena, a passé d’innombrables heures à travail­ler comme béné­vole pour diri­ger la fonda­tion pendant plus de trois décen­nies avec les autres membres du conseil d’administration. On ne parlait pas encore de numé­ri­sa­tion. Les invi­ta­ti­ons et les docu­ments pour les réuni­ons étai­ent sur papier, trans­mis par la Poste. Le système de clas­se­ment consis­tait en une série de tradi­ti­onnels clas­seurs fédé­raux. Mais grâce à une gestion consci­en­cieuse, tout s’est toujours bien passé.

Du clas­seur fédé­ral à l’archivage numérique

L’objectif clai­re­ment défini de la fonda­tion, pour les person­nes aveugles et malvoy­an­tes donc, lui a permis de jouir d’un très haut degré d’approbation. «Au cours des 30 derniè­res années, elle a traité 500 deman­des», expli­que M. Zuber­büh­ler. «La fonda­tion a répondu favora­blem­ent à envi­ron trois-quart d’entre elles.» Mais les contrain­tes admi­nis­tra­ti­ves impo­sées aux fonda­ti­ons ne cessent d’augmenter. Et les nouveaux conseils d’administration sont habi­tués aux nouvel­les formes de coopé­ra­tion. Il n’est donc pas rare qu’un chan­ge­ment spéci­fi­que au sein du conseil d’administration soit asso­cié à une trans­for­ma­tion numé­ri­que. Les invi­ta­ti­ons, les comp­tes-rendus ou les requêtes sont main­ten­ant échan­gés par voie déma­té­ria­li­sée. Et pour le Conseil de fonda­tion, un système d’archivage numé­ri­que avec infor­ma­ti­ons de conne­xion est en cours d’élaboration. La fonda­tion se refait aussi une image. Jusqu’alors, elle ne se souciait pas vrai­ment de sa présence en ligne, mais un site Inter­net va venir combler cette lacune. C’est l’un des futurs projets, qui faci­li­tera l’accès de la fonda­tion aux porteurs de projets et aux parti­cu­liers. Rolf Zuber­büh­ler ajoute: «La fonda­tion et ses actions auront ainsi plus de visibilité.»

Une page Inter­net comme base

Les beso­ins en commu­ni­ca­tion peuvent varier d’une fonda­tion à l’autre mais le site Web consti­tue la base de la commu­ni­ca­tion numé­ri­que avec le monde exté­ri­eur. Avec les médias sociaux, d’autres canaux en ligne sont venus s’ajouter; force est de constater que la numé­ri­sa­tion a radi­cal­e­ment changé la commu­ni­ca­tion. Les modè­les rigi­des expé­di­teur-desti­na­taire sont deve­nus obsolè­tes. Le dialo­gue inter­ac­tif déter­mine aujourd’hui la commu­ni­ca­tion et permet un échange rapide avec les grou­pes cibles. Selon le WWF Suisse, dispo­ser seule­ment d’un site Inter­net ne suffit plus. Avec Insta­gram, Face­book ou Linke­dIn, il est possi­ble d’obtenir des retours directs et de commu­ni­quer de manière très ciblée. Le World Wide Fund for Nature est l’une des plus gran­des orga­ni­sa­ti­ons mondia­les de protec­tion de l’environnement. «Ensem­ble, nous proté­ge­ons l’environnement et créons un avenir digne pour les géné­ra­ti­ons futures.» Telle est leur mission. Le WWF travaille sur un sujet qui est actu­el­le­ment d’intérêt public et qui fait l’objet d’un débat. D’une part, les médias sociaux offrent la possi­bi­lité de réagir rapi­de­ment aux oppor­tu­ni­tés et, d’autre part, la commu­ni­ca­tion numé­ri­que peut être faci­le­ment plani­fiée et fait partie de la stra­té­gie marke­ting. Bien sûr, l’interactivité comporte aussi des risques, tant pour les parti­cu­liers que pour les orga­ni­sa­ti­ons qui peuvent être la cible d’un flot d’insultes sur Internet. 

Numé­ri­sa­tion des projets

Dans l’ensemble, cepen­dant, les fonda­ti­ons ne sont pas encore très acti­ves sur les réseaux sociaux, comme le mont­rent les données de Swiss­Foun­da­ti­ons. 90 pour cent des membres de l’association ont un site Inter­net, un chif­fre très élevé par rapport à la moyenne suisse de 15 pour cent. Mais ils ne sont que très peu prés­ents sur les réseaux sociaux. Les trois-quart des fonda­ti­ons membres de Swiss­Foun­da­ti­ons ne sont pas acti­ves sur ces canaux. Chez WWF, on souli­gne que malgré le potentiel de la commu­ni­ca­tion numé­ri­que, les canaux conven­ti­on­nels ne doivent pas être sous-esti­més. Le WWF ajoute égale­ment que la numé­ri­sa­tion ne se limite pas à Face­book, Insta­gram et aux sites Web. Pour atteindre leurs objec­tifs, toutes les orga­ni­sa­ti­ons, dont le WWF, doivent réali­ser des inves­tis­se­ments dans l’innovation numé­ri­que. Les capteurs, les drones et l’intelligence arti­fi­ci­elle sont des instru­ments que le WWF utilise déjà aujourd’hui. Par exemple, à l’aide de drones, le WWF peut mieux surveil­ler la popu­la­tion de dauphins d’eau douce en Amazo­nie et, en Chine, des pièges photo contrôlés par l’intelligence arti­fi­ci­elle permet­tent l’enregistrement auto­ma­tique des popu­la­ti­ons de tigres. Le WWF est convaincu que ces outils peuvent contri­buer à renforcer l’impact de ses projets.

La numé­ri­sa­tion comme partie d’un tout

Aujourd’hui, le débat sur la numé­ri­sa­tion s’invite égale­ment dans les discus­sions sur l’influence des fonda­ti­ons. C’est d’une grande importance inter­na­tio­nale. La voie mène lente­ment mais sûre­ment vers des fonda­ti­ons «intel­li­gen­tes». Comme le souli­gne Katha­rina Guggi, la trans­for­ma­tion numé­ri­que gagne du terrain dans le monde des fonda­ti­ons. Celles-ci se posi­ti­onnent en consé­quence. Katha­rina Guggi déclare: «Des fonda­ti­ons comme Merca­tor Suisse créent expli­ci­te­ment des emplois pour rele­ver ce défi de la tran­si­tion numé­ri­que.» Et ils sont spéci­fi­quement liés à l’objectif de la fonda­tion et à ses projets.  Torben Stephan est direc­teur du programme Numé­ri­sa­tion et Société à la Fonda­tion Merca­tor Suisse. «Pour nous, chez Merca­tor, la numé­ri­sa­tion oscille entre la tech­no­lo­gie et la société», expli­que-t-il. «Pour nous, la ques­tion centrale est de savoir comment nous voulons vivre ensem­ble dans une société de plus en plus numé­ri­que à l’avenir. La numé­ri­sa­tion est donc une ques­tion trans­ver­sale qui concerne tous les grands thèmes (éduca­tion, compré­hen­sion, parti­ci­pa­tion, envi­ron­ne­ment) de la fonda­tion. Ce n’est pas un proces­sus isolé.» Tout comme elle modi­fie considé­ra­blem­ent la forme de la coopé­ra­tion interne, la numé­ri­sa­tion dans les projets de la Fonda­tion Merca­tor Suisse a un impact parti­cu­lier sur la société civile. Un impact complexe, qui va au-delà des struc­tures du marché et de l’Etat. La numé­ri­sa­tion donne à la société civile de nouvel­les possi­bi­li­tés de s’exprimer et d’interagir. D’après Andrew Holland, «cela signi­fie que la société civile doit acquérir les compé­ten­ces et les connais­sances néces­saires pour bien évaluer les oppor­tu­ni­tés et les défis de la numé­ri­sa­tion et contri­buer à façon­ner posi­ti­ve­ment le changement.»

((Bild Andrew Holland)) Bild­le­gende: Andrew Holland, CEO Stif­tung Merca­tor Schweiz, setzt sich für eine posi­tive Mitge­stal­tung der digi­ta­len Verän­de­rung ein.

Contre un «Rösti­gra­ben numérique»

Andrew Holland, PDG de la Fonda­tion Merca­tor Suisse, s’engage à appor­ter une contri­bu­tion posi­tive au chan­ge­ment numérique.

Afin de promou­voir l’autonomisation de la société civile, le Conseil de la Fonda­tion Merca­tor Suisse a élaboré et adopté un nouveau programme. Deux milli­ons de francs y sont injec­tés chaque année. Avec une durée prévue de cinq ans, cela repré­sente un total de dix milli­ons de francs. Le programme comporte trois volets. Premiè­re­ment, la parti­ci­pa­tion numé­ri­que de la popu­la­tion devrait contri­buer à réduire les diffé­ren­ces cultu­rel­les. «L’objectif est de ne lais­ser personne de côté. Actu­el­le­ment, nous nous concen­trons prin­ci­pa­le­ment sur le trans­fert de compé­ten­ces telles que la compé­tence en matière de données», expli­que Torben Stephan.  Des projets sont égale­ment prévus pour réduire la frac­ture ville-campa­gne afin d’éviter la créa­tion d’un «Rösti­gra­ben numé­ri­que». Deuxiè­me­ment, les gran­des ques­ti­ons d’avenir, telles que l’intelligence arti­fi­ci­elle, la tech­no­lo­gie block­chain ou le débat sur les valeurs numé­ri­ques, doivent être abor­dées du point de vue de la société civile. Torben Stephan ajoute: «Il est important pour la société civile de se forger une opinion sur ces ques­ti­ons et de jouer son propre rôle actif entre poli­tique, écono­mie et science.» Parce qu’aujourd’hui déjà, beau­coup de choses sont prédé­ter­mi­nées par l’économie. Troi­siè­me­ment, la tech­no­lo­gie doit être mise au service de la société par le biais d’innovations pour le bien commun. 

Torben Stephan, direc­teur du programme Numé­ri­sa­tion et Société à la fonda­tion Merca­tor Suisse et Andrew Holland lors d’une réunion de travail.

Un complé­ment au finance­ment d’une fondation

La numé­ri­sa­tion offre égale­ment à la société civile de nouvel­les possi­bi­li­tés de finance­ment de projets. Rea Eggli, co-fonda­trice de wema­keit déclare: «Notre plate­forme de crowd­fun­ding wema­keit est un complé­ment idéal au finance­ment des fonda­ti­ons, nous ne nous considé­rons pas comme un concur­rent.»  Depuis deux ans, wema­keit fait l’expérience d’une coopé­ra­tion concrète avec une fonda­tion dans le cadre du Science Booster. 

Rea Eggli, co-fonda­trice de la plate­forme de finance­ment parti­ci­pa­tif Wemakeit.

 «Avec le Science Boos­ter, Gebert Rüf souti­ent des projets scien­ti­fi­ques dont le crowd­fun­ding a atteint son objec­tif sur wemakeit.com, en doublant la somme alors récol­tée. Les parten­ari­ats public-privé sont égale­ment possi­bles. Pour les fonda­ti­ons, wema­keit est une plate­forme numé­ri­que qui leur permet de décou­vrir de nouveaux projets. La recher­che par mots-clés avec alerte par e‑mail les aide à trou­ver des projets inno­vants qu’elles pour­rai­ent vouloir soute­nir. C’est pour­quoi un parten­ariat avec wema­keit peut s’avérer inté­res­sant pour une fonda­tion afin de pour­voir un axe de finance­ment ou de simpli­fier la gestion des appels à projet. En outre, grâce au crowd­fun­ding, une fonda­tion peut atteindre de nouveaux grou­pes cibles. La commun­auté wema­keit compte actu­el­le­ment plus de 300 000 person­nes. Les chan­ces d’atteindre l’objectif fixé sont de 61 pour cent. Plus de 4000 projets ont ainsi pu être finan­cés. Au total, 48 milli­ons de francs ont été récol­tés. Cela dit, pour tous les projets finan­cés, les efforts des porteurs de projet doivent être pris en compte. C’est une donnée à ne pas sous-esti­mer. «Une campa­gne de crowd­fun­ding néces­site beau­coup de commu­ni­ca­tion», souli­gne Rea Eggli, ajou­tant que c’est précis­é­ment pour cette raison qu’elle considère qu’une partie des reve­nus géné­rés par le crowd­fun­ding doit compen­ser le temps investi dans l’élaboration de la campagne.

L’humain au cœur du projet

Stefan Germann, PDG de la Fonda­tion Botnar, a inté­gré la numé­ri­sa­tion dans la stra­té­gie de la fondation.

La Fonda­tion Botnar mise sur la numé­ri­sa­tion et sur l’innovation numé­ri­que pour pour­suivre sa mission. «The Future Now, For Child­ren World­wide» ou «Un avenir dès main­ten­ant, pour les enfants du monde entier» clame la devise de la Fonda­tion Botnar sur son site Inter­net. L’engagement envers la santé et le bien-être des enfants est intem­po­rel mais la fonda­tion a tout de même inté­gré la numé­ri­sa­tion dans sa stra­té­gie. Stefan Germann, l’actuel direc­teur géné­ral, a posé sa candi­da­ture à la Fonda­tion Botnar en 2016 avec un concept basé sur la numé­ri­sa­tion et l’intelligence arti­fi­ci­elle, convain­quant ainsi le Conseil de fonda­tion. «Au cours des 20 prochai­nes années, des tech­no­lo­gies numé­ri­ques de la santé seront créées à l’aide d’algorithmes sophis­ti­qués et de l’intelligence arti­fi­ci­elle. Leur appa­ri­tion rapide nous offre des possi­bi­li­tés sans précé­dent en matière de santé publi­que mondiale, notam­ment en ce qui concerne les graves pénuries de person­nel de santé», dit-il. Le projet Afya-Tek lancé en 2019 en Tanza­nie est un exemple de projets menés par la Fonda­tion Botnar. Dans une commun­auté connec­tée, les systè­mes de santé public et privé doivent être reliés. «Nous nous concen­trons sur les enfants et sur les jeunes dans les villes moyennes, appelées villes second­ai­res, dans les pays aux ressour­ces limi­tées», expli­que Stefan Germann. «Car d’une part, il y a un réel besoin et, d’autre part, les orga­ni­sa­ti­ons non gouver­ne­men­ta­les limi­tent souvent leurs acti­vi­tés aux capi­ta­les ou aux zones rura­les. Notre objec­tif est de mettre en œuvre des solu­ti­ons numé­ri­ques dans les villes second­ai­res et de permettre ainsi des écono­mies d’échelle.» La Fonda­tion Botnar inves­tit dans l’innovation numé­ri­que et déve­lo­ppe des solu­ti­ons évolu­ti­ves et dura­bles. Germann ajoute: «Les person­nes sont encore et toujours au cœur de nos activités».

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