«Les avantages sont évidents», explique Olivia Rauscher. La responsable du secteur de l’analyse des impacts au Kompetenzzentrum für Nonprofit Organisationen und Social Entrepreneurship («Centre de compétences pour les organisations à but non lucratif et l’entrepreneuriat social») de l’université d’économie de Vienne effectue des recherches sur le retour sur investissement social (SROI). Avec une analyse SROI, l’impact social qu’une organisation obtient s’exprime en une grandeur monétaire. Cela permet de le comparer avec les dépenses financières et de faire des déclarations concrètes, par exemple de un à trois. Dans ce cas, cela signifie que chaque franc investi produit un effet qui aurait la même valeur que trois francs.
Une analyse complexe
Calculer la valeur monétaire est l’étape la plus simple, explique Olivia Rauscher. La complexité réside dans les étapes précédentes, dans la définition des parties prenantes, dans l’établissement de la chaîne d’impact, dans la représentation du modèle d’impact et dans la collecte, la mesure et l’évaluation de l’impact. La valeur monétaire qui en résulte est le constat condensé des travaux préparatoires. Aussi croustillante que celle-ci puisse paraître, Olivia Rauscher fait remarquer qu’il faut toujours considérer l’analyse dans son ensemble. Ces travaux permettent de tirer des conclusions pertinentes sur l’impact effectif. De plus, tous les effets ne sont pas monétisables, ou difficilement. «Je me souviens d’un projet d’une ONG internationale qui s’engageait en faveur des enfants des rues en Roumanie», raconte-t-elle. «Sur place, nous avons mené des enquêtes.» L’un des principaux effets était le sentiment pour les enfants d’avoir une famille, de chaleur du nid», ajoute Olivia Rauscher. L’équipe de recherche avait cherché des pistes d’évaluation pour ces derniers. «Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il s’agit d’une dimension que nous ne voulons pas évaluer en termes monétaires. C’est une question d’éthique de la recherche.» L’équipe a néanmoins saisi l’impact et l’a présenté dans la partie analyse. La plupart du temps, il est toutefois possible de monétariser l’impact. C’est parfois plus facile qu’on ne le pense. «J’aurais imaginé que l’évaluation d’une vie humaine, par exemple, serait plus difficile. Pourtant, dans le secteur des assurances, c’est une pratique courante.» La perte de valeur d’une voiture au fil des ans est également bien établie dans la comptabilité.
L’analyse est efficace
L’absence d’une telle standardisation est un défi pour le SROI. Et pourtant, les résultats d’une analyse SROI aident une organisation à savoir quelle mesure est efficace. Cela peut avoir un impact sur la stratégie, mais comporte aussi un certain risque. Une organisation pourrait éventuellement ne pas poursuivre une mesure parce qu’elle ne peut pas la représenter en termes monétaires. Ou alors, elle se concentrerait sur les cas plus faciles à présenter, car cet impact est plus facile à atteindre. «C’est ainsi que naît le risque d’une dérive de la mission», précise-t-elle. Mais celui-ci peut aussi se produire avec d’autres méthodes d’analyse, si l’on vise un rendement élevé plutôt que la finalité. Olivia Rauscher voit une grande force dans l’analyse SROI pour la question conséquente de l’imputabilité. Par exemple, un changement qui aurait eu lieu même sans la mesure n’est pas compté dans l’effet de celle-ci.
Un message fort
Le SROI peut renforcer la position des organisations actives dans le domaine social. Elles peuvent rencontrer leurs donateurs ou leurs organisations de soutien sur un pied d’égalité et attribuer une valeur monétaire à l’impact de leur travail. Pour Olivia Rauscher, «cela permet de renforcer son message et sa position de négociation, plutôt que de simplement dire que l’on est bon.»