Open AI, généré par DALL-E sur le thème de la fondation Botnar. Mots-clés: bien-être des jeunes, donner une voix aux jeunes, écosystème numérique, univers du numérique.

Un potentiel méconnu

Des possibilités infinies

Les données renfer­ment un immense potentiel, même pour le secteur terti­aire. C’est un fait souvent méconnu ou insuf­fi­sam­ment exploité en raison d’un manque de ressour­ces. Dans un même temps, le secteur pour­rait endos­ser une plus grande responsabilité.

«Dans le domaine de la phil­an­thro­pie, l’étude d’outils numé­ri­ques peut être un moyen d’impliquer les jeunes ainsi que d’autres voix dans l’attribution de subven­ti­ons», déclare Stefan Germann, CEO de la fonda­tion Botnar. «Les outils de parti­ci­pa­tion numé­ri­ques et de crowd­sour­cing peuvent permettre aux phil­an­thro­pes de rendre le proces­sus d’octroi de subven­ti­ons plus inno­vant et inté­gra­tif.» Les déli­bé­ra­ti­ons sur les subven­ti­ons et les inves­tis­se­ments peuvent ainsi être votées par un groupe cible plus large.

Des cercles tradi­ti­onnel­le­ment fermés sont ainsi inté­g­rés aux proces­sus de consul­ta­tion. «En recou­rant à une appro­che Digi­tal First, nous pouvons créer un moyen faci­le­ment négo­cia­ble de tenir compte d’une grande variété d’idées du monde entier», conti­nue Stefan Germann. Afin de concré­ti­ser ses projets en gardant ses objec­tifs à l’esprit, la fonda­tion Botnar utilise aujourd’hui déjà de manière consé­quente les tech­no­lo­gies numé­ri­ques et l’intelligence arti­fi­ci­elle (IA). Cher­cher à amélio­rer le bien-être des jeunes est l’une de ses missi­ons prin­ci­pa­les. Stefan Germann est convaincu que l’IA et les tech­no­lo­gies numé­ri­ques sont indis­pens­ables pour y parve­nir. «Nous croyons au pouvoir de trans­for­ma­tion de l’IA afin de surmon­ter des défis sani­taires, sociaux et écono­mi­ques au niveau muni­ci­pal, mais aussi natio­nal.» Mais il a consci­ence que ces perspec­ti­ves s’accompagnent égale­ment de responsa­bi­lité. La protec­tion des droits est certes un devoir qui incombe aux États, il est néan­mo­ins crucial que les jeunes compren­nent leurs droits numé­ri­ques. «De cette manière, ils peuvent faire pres­sion sur les orga­ni­sa­ti­ons – des gouver­ne­ments au secteur privé – afin que les outils numé­ri­ques de coll­ecte de données person­nel­les qu’ils déve­lo­p­pent et utili­sent le soient de manière aussi juste que responsable. La fonda­tion Botnar accorde aussi une grande importance aux droits des données. Cela englobe plus que la simple protec­tion des infor­ma­ti­ons et la vie privée, la liberté d’expression ou la modé­ra­tion de conte­nus. «Nous nous concen­trons sur tous les aspects des droits humains, y compris celui du droit souvent négligé à l’accès à Inter­net et à la tech­no­lo­gie», déclare Stefan Germann. Pour illus­trer l’engagement de la fonda­tion Botnar en la matière, il prend l’exemple de «RIGHTS Click». Grâce à ce projet, qui est le fruit d’une colla­bo­ra­tion avec Amnesty Inter­na­tio­nal, la fonda­tion souhaite faire entendre la voix des jeunes et leur donner les moyens de s’engager en faveur d’un écosys­tème numé­ri­que respec­tant leurs droits et leur bien-être. Ensem­ble, ils souhai­tent mieux comprendre les défis que le monde numé­ri­que posera à la jeunesse. Pour ce faire, ils ont mis au point une enquête dont les conclu­si­ons peuvent béné­fi­cier au déve­lo­p­pe­ment poli­tique du domaine. Ils ont déjà rassem­blé les répon­ses de 45 pays. «Ceci est incroya­blem­ent utile pour obte­nir une vision globale des problè­mes auxquels sont confron­tés les jeunes», assure Stefan Germann. Dans le domaine de la santé aussi, la fonda­tion Botnar subven­ti­onne des projets pilo­tés par des données. La santé psychi­que des jeunes est un enjeu de taille à l’heure actu­elle. Aujourd’hui, il n’y a que très peu de données sur le sujet dans les pays à faible et moyen revenu. Afin d’y remé­dier, la fonda­tion Botnar a lancé en 2022 l’initiative inter­na­tio­nale «Being» en colla­bo­ra­tion avec Grand Chal­lenges Canada (GCC) et United for Global Mental Health. Celle-ci souti­ent la recher­che et les appro­ches inno­van­tes visant à amélio­rer le bien-être psychi­que des jeunes dans les pays à faible et moyen revenu tels que la Rouma­nie, la Tanza­nie ou la Sierra Leone. 

Un inté­rêt éton­n­am­ment limité

Ce manque de donnée peut avoir diver­ses raisons. En Suisse, le secteur de l’utilité publi­que en est victime. De manière simi­laire, la dispo­ni­bi­lité des infor­ma­ti­ons est égale­ment limi­tée. Pour Georg von Schnur­bein, direc­teur du Centre d’études de la phil­an­thro­pie en Suisse (CEPS) de l’Université de Bâle, cela est dû à l’absence d’un prin­cipe de publi­ca­tion obli­ga­toire. Quel­ques orga­ni­sa­ti­ons publi­ent certes sur des thèmes précis:  comme la fonda­tion Zewo avec Swiss­fund­rai­sing, qui publie des chif­fres sur le secteur des dons, la Société suisse d’utilité publi­que (SSUP), l’Office fédé­ral de la statis­tique ou le CEPS.

Il manque cepen­dant un aperçu de l’ensemble des OSBL, de leur déve­lo­p­pe­ment écono­mi­que ou du nombre de membres, etc. «Tout ce que l’on a jusqu’à aujourd’hui, ce sont des travaux frag­men­tai­res», déclare Georg von Schnur­bein. D’autres rele­vés, comme le projet John Hopkins, le plus vaste portant sur des données du secteur terti­aire du monde entier, ne sont pas pour­suivis en continu. Ainsi, le secteur n’a que des moyens limi­tés d’apparaître de manière homo­gène auprès du grand public. Son évolu­tion n’est donc que parti­el­le­ment saisissa­ble. Qui plus est, le besoin ne se limite pas à la coll­ecte de données. «Il est tout aussi important que les données soient faci­le­ment acces­si­bles pour le public», déclare Georg von Schnur­bein. «L’État devrait agir en ce sens. Mais la poli­tique natio­nale ne fait éton­n­am­ment preuve que d’un inté­rêt limité lorsqu’il est ques­tion d’en savoir plus sur le secteur des OSBL», observe-t-il. Grâce à NPO Data Lab, le CEPS a rendu public en 2021 une base de données spéci­fi­que au secteur phil­an­thro­pi­que. Le Lab regroupe pour l’instant deux bases de données. L’une conti­ent des infor­ma­ti­ons agré­gées sur les fonda­ti­ons d’utilité publi­que et les conseils de fonda­tion de Suisse. L’autre comprend des données finan­ciè­res sur les OSBL suis­ses qui ont publié leurs comp­tes annu­els confor­mé­ment au stan­dard Swiss GAAP RCP 21. «C’est surtout l’outil de compa­rai­son permet­tant de faire un rappro­che­ment entre la situa­tion finan­cière de son orga­ni­sa­tion et celle d’un OSBL compa­ra­ble qui rencontre un certain succès», déclare Georg von Schnurbein. 

Une tout autre réalité

Les orga­ni­sa­ti­ons font en partie face au défi de n’avoir prati­quement aucune donnée. «Bien évidem­ment, je préfé­rerais obte­nir des données struc­tu­rées», déclare Stefa­nie Holm, direc­trice géné­rale de la fonda­tion VISIO-Perma­cul­tura. «Mais cela ne corre­spond pas à la réalité. Nous avons prin­ci­pa­le­ment des projets qui ont besoin de soutien.» La fonda­tion est la première à être active dans ce domaine. Elle a pour objec­tif d’établir dans l’agriculture les connais­sances tirées de la perma­cul­ture tout en souten­ant l’enseignement, la trans­mis­sion de savoirs et la mise en réseau.

Dans ce contexte, Stefa­nie Holm pointe deux défis essentiels qui compli­quent l’utilisation poten­ti­elle de données struc­tu­rées dans son travail. Il y a premiè­re­ment la termi­no­lo­gie: «Toutes les explo­ita­ti­ons agri­co­les n’utilisent pas le terme de perma­cul­ture de la même manière», constate-t-elle. «L’emploi est très divers, il n’y a pas de défi­ni­tion claire.» Le terme englobe diffé­ren­tes compo­san­tes. C’est à la fois un mouve­ment social, un système de concep­tion et un ensem­ble de métho­des agri­co­les. VISIO-Perma­cul­tura n’exige pas non plus une défi­ni­tion exacte avant de s’engager. Elle s’oriente sur ce qui est dura­ble et respec­tueux de l’environnement. L’utilisabilité statis­tique est le deuxième défi qui rend diffi­cile une appro­che pilo­tée par les données. Envi­ron 200 fermes béné­fi­ci­ent de paiements directs pour leur perma­cul­ture. «En raison du chif­fre assez faible et des parti­cu­la­ri­tés indi­vi­du­el­les, aucune base de données ne permet­trait de tirer des conclu­si­ons statis­ti­ques perti­nen­tes.» Et, bien que le travail de terrain, lui aussi subven­ti­onné, livre des données, celles-ci ne sont pas obte­nues dans des condi­ti­ons de labo­ra­toire et sont donc expo­sées à de nombreu­ses influen­ces comme des étés chauds ou des hivers froids. Aussi, au sujet d’une base de données métho­do­lo­gi­que, Stefa­nie Holm déclare: «Ce serait très sympa. Mais cela relève d’une réalité très éloi­g­née de la nôtre.»

Regrou­per les données

De prime abord, il peut être surpren­ant de constater que prati­quement aucune donnée n’est dispo­nible pour la recher­che ou la plani­fi­ca­tion dans le domaine de la mobi­lité alors que toute personne dispo­sant d’un télé­phone porta­ble laisse constam­ment des pistes de données derrière elle. Afin de créer une bonne base de données pour la mobi­lité du futur, la coopé­ra­tive Posmo a été lancée en 2020. Les fonda­tri­ces et fonda­teurs en sont convain­cus: afin de proté­ger l’environnement et répondre aux beso­ins des villes, nous avons besoin de ces données. Mais aujourd’hui, la recher­che sur la mobi­lité ne se fait qu’avec de petits jeux de données, d’après ce que nous révèle Lea Strohm, l’une des fonda­tri­ces.

Ces données exis­tent. Google ou Apple connais­sent nos habi­tu­des en matière de mobi­lité. «Mais nous n’avons aucun accès ni contrôle», ajoute-t-elle. «Ce sont aussi des données extrê­me­ment sensi­bles.» Pour Lea Strohm, seule une toute petite partie de la société s’intéresse réel­le­ment à ces données et à leur sécu­rité. La plupart des gens igno­rent qu’il est essentiel de les proté­ger. Elles ont l’impression de ne rien avoir à cacher. Aussi, la gouver­nance des données est ce qui a motivé la créa­tion de la coopé­ra­tive en second lieu. Posmo souhaite déve­lo­p­per un modèle permet­tant de mettre ces données à dispo­si­tion pour la recher­che et la plani­fi­ca­tion tout en gardant le contrôle. Il n’est donc ici pas ques­tion de la protec­tion des données au sens juri­di­quement ancré. «Comment moi, Lea Strohm, je me déplace en tant qu’individu, ça ne m’intéresse que très peu», déclare-t-elle Ce qui est inté­res­sant, c’est d’agréger les données de plus­ieurs person­nes et d’en tirer des enseig­ne­ments. C’est à cette fin que Posmo souhaite déve­lo­p­per un modèle qui permet de mettre en commun les données indi­vi­du­el­les afin qu’elles puis­sent être utili­sées dans les appro­ches appli­ca­ti­ves. La forme juri­di­que a aussi été choi­sie avec l’idée de pools de données et d’intérêt public en tête. En effet, toutes les person­nes qui entrent dans la coopé­ra­tive «paient» leur adhé­sion avec leurs données. Cela a une raison simple: «En tant que membre, tout le monde prend part aux déli­bé­ra­ti­ons autour de l’utilisation des données», déclare Lea Strohm de Posmo avant d’ajouter «mais chacun doit aussi litté­ra­le­ment donner de sa personne – prendre un risque person­nel, appor­ter ses propres données. Pour parti­ci­per, il faut contribuer.»

Utile à toute la société

D’après ses statuts, la coopé­ra­tive souhaite gérer «une plate­forme infor­ma­tique sécu­ri­sée servant l’intérêt géné­ral» et la mettre à dispo­si­tion. Lea Strohm insiste bien sur le fait que celle-ci doit servir à toute la société. «Nous ne voulons pas que nos données soient prin­ci­pa­le­ment utili­sées à des fins commer­cia­les.» Mais ils ne visent pas non plus une appro­che open data. Cela semble cont­red­ire le prin­cipe selon lequel celui qui dispose des données et décide doit lui-même four­nir des données. Néan­mo­ins, ils travail­lent encore à défi­nir plus précis­é­ment l’intérêt géné­ral. Outre le déve­lo­p­pe­ment tech­no­lo­gi­que, la coopé­ra­tive se penche majo­ri­taire­ment en ce moment sur les moyens qui exis­tent pour assurer la trans­pa­rence vis-à-vis de celles et ceux qui four­nis­sent les données. Lea Strohm voit Posmo comme un cour­tier en données. Les four­nis­seu­ses et four­nis­seurs doivent être en mesure de voir pour quels projets les données sont utili­sées et de s’informer sur ceux-ci. Et les différ­ents proces­sus doivent être trans­par­ents. «Nous avons un conseil d’éthique», déclare-t-elle. Tandis que l’administration de l’organe direc­teur est axée sur la crois­sance, le conseil d’éthique doit donner sa béné­dic­tion à chaque utili­sa­tion des données. Il valide les deman­des selon qu’elles sont ou non confor­mes à l’objet. La décis­ion du conseil est dans tous les cas contraignante. Il prend ses distances et garan­tit l’équilibre des pouvoirs. Les critères de la décis­ion doivent égale­ment être transparents.

Accès libre au savoir

Sur Wiki­pe­dia aussi, la trans­pa­rence est un élément central. Les person­nes ayant rédigé, commenté ou modi­fié un article sont visi­bles dans l’historique des versi­ons. L’encyclopédie en ligne est basée sur le travail de béné­vo­les. L’un des prin­cipes de base est d’être non commer­cial et donc indé­pen­dant. «La commun­auté des Wiki­pé­di­ens veille elle-même au bon respect de ses direc­ti­ves», déclare Kers­tin Sonne­kalb, porte-parole de Wiki­me­dia CH.

Cette asso­cia­tion d’utilité publi­que souti­ent le travail des auteurs et autri­ces béné­vo­les, four­nit des conseils ou ouvre des portes à d’autres recher­ches. Wiki­me­dia CH est recon­nue comme un «chap­ter» (filiale) offi­ciel de la fonda­tion Wiki­pe­dia qui gère l’encyclopédie. Les fonda­teurs et fonda­tri­ces de Wiki­me­dia CH ont perçu en 2006 la néces­sité de pouvoir comp­ter sur une orga­ni­sa­tion et un porte-parole pour s’occuper en Suisse des préoc­cu­pa­ti­ons du mouve­ment Wiki­me­dia – soit des Wiki­pé­di­ens et Wiki­pé­di­en­nes dans leur ensem­ble – et défendre leurs inté­rêts. Ceci est ainsi sa mission prin­ci­pale. Kers­tin Sonne­kalb précise: «Notre asso­cia­tion n’influence en aucun cas les conte­nus de Wiki­pe­dia.» Elle répond toute­fois à une préoc­cu­pa­tion majeure: la lutte contre les faus­ses infor­ma­ti­ons, ou Fake News. «En s’inscrivant dans ce mouve­ment qui s’engage en faveur d’un accès libre à un savoir objec­tif, Wiki­me­dia CH travaille aussi d’arrache-pied pour que Wiki­pe­dia et ses projets conne­xes restent une source d’information factu­elle et fiable sur les sujets criti­ques et veille à lutter contre les faus­ses infor­ma­ti­ons en ligne», déclare-t-elle. Ceci est aussi l’un des objec­tifs défi­nis dans le proces­sus stra­té­gique du mouve­ment pour 2030. Les sujets extrê­me­ment pola­ri­sants, comme l’article sur la pandé­mie de Covid-19 qui, dans sa version anglaise, comp­tait jusqu’en janvier 2023 3449 contri­bu­teurs et contri­butri­ces ayant apporté des modi­fi­ca­ti­ons plus de 25 670 fois, font l’objet d’une surveil­lance accrue par les admi­nis­tra­teurs. Cette étape supp­lé­men­taire contri­bue à ce que l’article conti­enne des infor­ma­ti­ons correc­tes et factuelles. 

Vrai ou faux

Wiki­me­dia CH utilise de plus en plus souvent des événe­ments actuels afin de souli­gner l’importance d’informations libres et impar­tia­les pour la parti­ci­pa­tion au proces­sus démo­cra­tique. Cette année, l’association mise sur le 175e anni­ver­saire de la Consti­tu­tion fédé­rale suisse, «car un proces­sus de forma­tion d’opinion démo­cra­tique s’appuie sur des infor­ma­ti­ons libres d’accès», déclare Kers­tin Sonne­kalb. Cela partage aussi un lien avec un autre objec­tif central de l’association: sensi­bi­li­ser et éduquer les indi­vi­dus de tout âge, peu importe leur niveau d’étude, aux infor­ma­ti­ons en ligne. L’engagement contre les Fake News concerne aussi la manière d’appréhender les sujets contro­ver­sés. Les auteurs et autri­ces n’ont pas pour mission de déci­der de ce qui est vrai ou non. Les contro­ver­ses devrai­ent avant tout être présen­tées comme telles. C’est la raison pour laquelle il faut avant tout des indi­ca­ti­ons fiables sur les sources pour qu’une infor­ma­tion ait sa place sur Wiki­pe­dia. . «La qualité des sources est un critère décisif. Ainsi, les décla­ra­ti­ons scien­ti­fi­quement étayées ont beau­coup de poids», souli­gne Kers­tin Sonne­kalb. Même si Inter­net regorge de savoirs et que l’intelligence arti­fi­ci­elle conti­nue de révo­lu­ti­on­ner les proces­sus de recher­che, la quan­tité ne dit rien de la qualité. «Même les meil­leu­res IA sont entiè­re­ment tribu­tai­res des données sur lesquel­les elles s’appuient», déclare Kers­tin Sonne­kalb. Cela vaut aussi pour ChatGPT, la nouvelle intel­li­gence arti­fi­ci­elle qui a enflammé Inter­net en janvier. «La cura­tion par un humain ne saurait être rempla­cée. Qu’il s’agisse d’informations tirées d’articles Wiki­pe­dia ou de méta-données issues de Wiki­date – l’univers Wiki restera une base de savoirs bien­ve­nue pour les moteurs de recher­che en ligne», en est-elle convaincue.

Indé­pen­dante et digne de confiance

Bien avant qu’une intel­li­gence arti­fi­ci­elle dispo­nible sur Inter­net ne puisse rédi­ger des travaux univer­si­taires entiers, une fonda­tion a été créée en 1987 en Suisse en vue de favo­ri­ser la numé­ri­sa­tion des hautes écoles. Celle-ci devait permettre la mise en réseau des insti­tu­ti­ons au sein même de la Suisse et avec l’étranger. Et aujourd’hui encore, Switch conti­nue ce travail. «Pour l’enseignement, la recher­che et l’innovation, c’est un parten­aire idéal, indé­pen­dant et digne de confi­ance. En outre, la forme juri­di­que de la fonda­tion reste opti­male», déclare son porte-parole Roland Eugs­ter.

Ce qui a aidé, c’est que l’objet de la fonda­tion a été rédigé de manière très large à l’époque. Cela a laissé beau­coup de place aux évolu­ti­ons ulté­ri­eu­res. L’indépendance de la fonda­tion est aussi utile pour deux autres missi­ons: plus de deux milli­ons et demi de noms de domaine «.ch» sont enre­gis­trés chez Switch. «La Confé­dé­ra­tion régle­mente l’octroi des noms de domaine avec des lois et des ordon­nan­ces et offre ainsi un cadre juri­di­que solide pour cette mission de confi­ance», déclare-t-il. L’Office fédé­ral de la commu­ni­ca­tion a délé­gué la gestion des domaines en «.ch» à Switch. Pour les tâches de numé­ri­sa­tion de cette importance, la sécu­rité est aussi une prio­rité constante. Une autre mission que Switch prend très au sérieux. Roland Eugs­ter précise: «Notre Compu­ter Emer­gency Response Team SWITCH-CERT est un centre de compé­tence indé­pen­dant et leader en matière de sécu­rité de l’information.» C’est l’un des deux CERT nati­on­aux qui aide les hautes écoles suis­ses, les regis­trai­res «.ch» et les domaines corre­spond­ants ainsi que les secteurs des banques, de l’industrie, de la logis­tique et de l’énergie à lutter contre les cyber-menaces. Dans un tel contexte, Roland Eugs­ter est aussi convaincu que l’absence de but lucra­tif de la fonda­tion est précis­é­ment ce qu’il faut. Et cette mission s’inscrit dans le temps. «Les hautes écoles ont besoin de solu­ti­ons numé­ri­ques pour toute une série d’applications», déclare-t-il. Celles que propo­sent les entre­pri­ses commer­cia­les sont toutes stan­dar­di­sées. Si cela suffit ample­ment pour certai­nes utili­sa­ti­ons, il est impé­ra­tif de recourir à des solu­ti­ons sur mesure dès lors que les appli­ca­ti­ons sont spéci­fi­ques et que les données néces­si­tent une protec­tion renfor­cée. «Étant donné que nous travail­lons de manière aussi étroite avec le monde de l’enseignement, de la recher­che et de l’innovation depuis 35 ans, nous connais­sons de manière très précise ses beso­ins parfois extrê­me­ment parti­cu­liers», déclare le porte-parole. «Cela nous permet d’estimer pour eux la perti­nence des inno­va­tions tech­no­lo­gi­ques et de leur montrer comment les utili­ser de manière optimale.»

Perti­nence pour le secteur

Pour les OSBL aussi, le progrès tech­no­lo­gi­que est de plus en plus important. Il est judi­cieux que le secteur se penche acti­ve­ment sur la ques­tion et l’exploite pour lui-même, ses objec­tifs et ses desti­na­tai­res. «Utili­sées de manière responsable, l’IA et l’innovation numé­ri­que ont le potentiel d’améliorer dura­blem­ent la vie de nombreu­ses person­nes à travers le monde. Les nouvel­les tech­no­lo­gies et le pouvoir des données pour­rai­ent offrir de nouveaux moyens de surmon­ter les défis sani­taires, sociaux et écono­mi­ques persistants avec une ampleur et une acces­si­bi­lité jamais vues par le passé», déclare Stefan Germann. Il y voit un potentiel énorme à condi­tion que la société parvi­enne à utili­ser ces instru­ments de manière intel­li­gente: «Nous avons ainsi une chance de créer un système juste et sécu­risé pour les géné­ra­ti­ons futures.» Il prend l’exemple de l’initiative Trans­form Health. Il s’agit d’une coali­tion qui s’engage pour une trans­for­ma­tion numé­ri­que équi­ta­ble des systè­mes de la santé. Celle-ci plaide en faveur d’un accès libre à des tech­no­lo­gies numé­ri­ques pionniè­res à même d’améliorer la santé. Avec cela, il est aussi néces­saire de renforcer la gouver­nance des données de santé. «La numé­ri­sa­tion est l’avenir de nombreux pays et secteurs. Il est crucial que nous l’acceptions et que nous garan­tis­si­ons un accès équi­ta­ble à ces services. Les données sont un instru­ment important à même de trans­for­mer nos vies», déclare Stefan Germann.

Coll­ecte de données

Pour Georg von Schnur­bein, bien gérer et proté­ger les données tout en garan­tis­sant leur trans­pa­rence est une obli­ga­tion qui incombe aux OSBL. «Un OSBL exonéré d’impôts servant l’intérêt géné­ral ou profi­tant d’avantages fiscaux en pour­suivant un idéal n’est pas une affaire stric­te­ment privée. Il doit accep­ter une certaine forme de trans­pa­rence publi­que». Pour lui, le secteur a tout inté­rêt à exploi­ter ces données, en respec­tant certai­nes règles, bien entendu. En effet, coll­ec­ter les données, les agré­ger et les rendre dispo­nibles n’est pas une mauvaise chose en soi et aiderait à mieux comprendre. «Cela relève toujours de la négli­gence quand une orga­ni­sa­tion en sait moins sur elle-même que d’autres», déclare-t-il. Cela vaut aussi pour le secteur des orga­nis­mes sans but lucra­tif dans son ensem­ble. Ainsi, il estime que lors­que des socié­tés privées ou l’État coll­ec­tent les données par le biais de ce secteur, les OSBL aban­don­nent une partie de leurs capa­ci­tés d’influence. Dans un même temps, il a clai­re­ment consci­ence qu’un OSBL seul ne peut rien faire avec ses propres données. La valeur provi­ent uniquement du regrou­pe­ment. Il est toute­fois convaincu que les OSBL pour­rai­ent consti­tuer un certain pouvoir de marché avec leurs données. Georg von Schnur­bein déclare ainsi: «Si des fonda­ti­ons deve­naient désor­mais copro­prié­tai­res sur une plate­forme comme StiftungSchweiz, cela consti­tuer­ait une bonne étape pour prendre part aux discus­sions autour de l’utilisation future des données.» 

Image IA sur le thème du CEPS Mots-clés: trop peu de données pour le déve­lo­p­pe­ment écono­mi­que. Les données dispo­nibles doivent être rendues acces­si­bles et comparables.

Image IA sur le thème de Visio Perma­kul­tura. Mots-clés: agri­cul­ture dura­ble et respec­tueuse de l’environnement. Seule­ment 200 fermes jusqu’à présent pour la base de données. Les données struc­tu­rées ne reflè­tent pas la réalité.

Image IA sur le thème de la coopé­ra­tive POSMO. Mots-clés: idée d’un pool (de données), données haute­ment sensi­bles et à proté­ger. Gouver­nance des données.

Image IA sur le thème de Wiki­me­dia. Mots-clés: contre les fake news, inscrit dans le mouve­ment qui s’engage en faveur d’un accès libre à un savoir objec­tif, fiable, basé sur les faits.

Open AI, généré par DALL‑E sur le thème de de SWITCH. Mots-clés: numé­ri­sa­tion des hautes écoles, cerveau, commu­ta­teur, sécu­rité de l’information.

Inter­pré­ta­ti­ons pour l’alimentation du logi­ciel AI: Peter Kruppa

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