L’investissement des actifs de la fondation doit répondre à plusieurs critères, qui sont parfois en conflit les uns avec les autres. L’investisseur détermine d’abord son objectif sous la forme d’un rendement espéré ou d’un budget de risque. Cinq conditions doivent être prises en compte: l’horizon de placement, les besoins réguliers en liquidités ou en capitaux, les aspects fiscaux et juridiques, mais aussi les restrictions individuelles telles que l’interdiction d’investir dans le tabac ou l’armement.
La mission d’un gestionnaire de patrimoine consiste à atteindre l’objectif visé dans les conditions définies par l’investisseur.
La stratégie d’investissement d’un portefeuille de fondation
Habituellement, les actifs de la fondation sont investis de manière défensive. Les obligations sont généralement la principale composante du portefeuille d’une fondation. Ces dernières années, cependant, les rendements des obligations n’ont cessé de baisser. Actuellement, nous avons même atteint des rendements négatifs pour les obligations fédérales suisses, quelle que soit leur échéance.
T.I.N.A.
Compte tenu de cette évolution, la question se pose de savoir quelles sont les alternatives d’investissement aux obligations. C’est dans ce contexte que nous avons le plaisir de vous présenter «T.I.N.A». T.I.N.A est l’acronyme de «There Is No Alternative», il n’y a pas d’alternative aux actions en raison des faibles taux d’intérêt.
Récemment, de nombreux conseils de fondation ont décidé d’augmenter la proportion d’actions dans leurs portefeuilles. Ils ont eu raison de prendre cette décision jusqu’à présent, car les prix sur les marchés boursiers mondiaux ont presque triplé depuis la crise financière de 2007–2008.
Depuis quelque temps, les marchés boursiers se précipitent d’un record à l’autre. De nombreux investisseurs se méfient de cette évolution. Alors que dans un passé plus lointain, le cours des actions augmentait d’environ cinq pour cent par an, cette évolution a presque doublé depuis la crise financière. Au vu de cette progression, il est légitime de se demander combien de temps cette tendance peut encore se poursuivre.
Il est difficile de trouver le bon moment pour vendre des actions. Bien qu’il existe divers indicateurs avancés qui prévoient une crise sur les marchés boursiers, il est souvent difficile de l’identifier.
Anomalie du marché: plus de rendement et moins de risques
Il est plus facile de préparer le portefeuille pour la crise, même en période de hausse des prix des actions. Vous pouvez profiter d’une anomalie sur le marché financier.
La théorie classique des marchés financiers stipule qu’un risque (systématique) plus élevé (mesuré par la fluctuation du prix de l’action) doit être compensé par un rendement plus élevé. Dans la pratique, cependant, on observe depuis des décennies un phénomène différent sur le marché boursier. Sur le long terme, les rendements des actions à faible volatilité ont dépassé ceux des actions plus risquées (cf. graphique 1). Cette stratégie est également connue dans les milieux spécialisés sous le nom de «volatilité minimale».
Elle présente toutefois une faiblesse. Dans les phases de hausse des marchés boursiers, cette stratégie est souvent à la traîne par rapport à l’indice de capitalisation boursière. En période de baisse des prix des actions, cependant, le manque à gagner est plus que compensé. Dans l’ensemble, l’investisseur obtient un rendement plus élevé dans le temps avec une stratégie de volatilité minimale, pour moins de risques.
Afin d’éviter de se retrouver trop loin derrière un indice dans les phases de hausse des prix des actions, il est conseillé d’ajouter au portefeuille des actions qui répondent à des normes de qualité spécifiques. Nous recommandons un ratio de mélange d’un tiers d’actions de qualité pour deux tiers de volatilité minimale.
La qualité est attendue
Lors de la sélection de ces actions de qualité, vous devez prêter attention à trois critères: l’évaluation, la qualité et la volatilité. En vérifiant l’évaluation, vous évitez d’acheter des actions surévaluées. Dans la littérature spécialisée, la qualité d’une entreprise est généralement définie par une rentabilité élevée et stable. À cela s’ajoutent des caractéristiques telles qu’un faible financement par l’emprunt et une grande efficacité opérationnelle. En ce qui concerne la volatilité, veillez à nouveau à ne pas inclure dans votre portefeuille des sociétés dont le cours des actions fluctue fortement.
Un portefeuille de qualité pour le marché mondial des actions comprend des actions individuelles de premier plan telles que Louis Vuitton (LVMH) et Novo Nordisk. Les entreprises technologiques de la nouvelle économie, telles que Apple, Amazon et Alphabet (autrefois Google), répondent également à ces normes de qualité. Selon nous, les meilleures entreprises suisses en termes de qualité sont Emmi, Lonza et Sika.
Diversifiez votre portefeuille
Comme alternative aux actions et aux obligations, l’immobilier suisse et l’or peuvent être ajoutés au portefeuille par souci de diversification.
Il est possible d’investir dans l’immobilier directement, c’est-à-dire physiquement sous la forme d’un appartement ou d’une maison, ou indirectement par le biais de parts et de fonds immobiliers. Ces derniers devraient d’ailleurs toujours se retrouver dans un portefeuille de fondation. Bien que les prix de l’immobilier indirect aient fortement augmenté ces derniers temps, il existe encore quelques titres à la valeur attractive, tels que Novavest Real Estate AG ou SF Urban Properties AG.
Dans un contexte de taux d’intérêt bas et d’anticipations croissantes de dévaluation monétaire (inflation), l’or en particulier génère des profits. L’or a toujours été considéré comme un refuge et est utilisé pour protéger un portefeuille. Selon nous, le prix de l’or devrait continuer à augmenter dans un avenir proche. Toutefois, n’oubliez pas le risque de change, car l’or est négocié en dollars américains. Étant donné la différence actuelle de taux d’intérêt entre le dollar américain et le franc suisse et les coûts de couverture élevés qui y sont associés, nous nous abstiendrions actuellement de couvrir (entièrement) ce risque de change.
En résumé, pour un investissement prometteur des actifs d’une fondation, on peut dire qu’il est crucial de définir la bonne stratégie d’investissement et de la mettre en œuvre de manière professionnelle et disciplinée. Et surtout, vous devez toujours garder les risques à l’esprit. La stratégie que vous avez choisie est-elle la bonne et avez-vous correctement évalué les risques actuels?
Adressez-vous à votre conseiller bancaire.