Les conseils de fondation reflètent à bien des égards les déséquilibres existants de notre société. Dans le même temps, les membres de conseil de fondation témoignent d’une grande diversité à différents niveaux.
63 886 personnes sont engagées en Suisse dans des conseils de fondation. Selon le Rapport sur les fondations 2022, la plupart, soit 92%, ne détient qu’un seul des 70 043 mandats de conseils de fondation. La part des hommes est plus importante à 68%. Les hommes détiennent également plusieurs mandats: 87% des personnes possédant plus de cinq mandats sont des hommes.
La majorité souhaite plus de diversité
Laetitia Gill et Dr Aline Kratz-Ulmer ont enquêté dans leur récente publication «Diversité et conseils de fondations d’utilité publique en Suisse» sur le degré de diversité composant les conseils de fondation. Dans leur sondage, la participation des femmes (47%) est surreprésentée par rapport à leur présence dans les conseils de fondation. L’étude montre aussi que le déséquilibre ne concerne pas uniquement les sexes, mais aussi l’âge.
36% des personnes interrogées ont entre 50 et 59 ans, 31% ont plus de 60 ans et seuls 11% ont moins de 40 ans. «C’est intéressant de noter que toutes les tranches d’âge s’accordent à dire que la diversité est un avantage.» », dit Laetitia Gill. En revanche, les différences apparaissent dans l’évaluation de leur propre conseil car « plus une personne est âgée, plus elle considère que le conseil est diversifié.» Cette différence s’observe également selon le genre des personnes répondantes. « Les femmes estiment, contrairement aux hommes, que leur conseil de fondation est moins diversifié», dit-elle.
Pas une fin en soi
L’homogénéité se voit également dans la formation. 79% possèdent un diplôme académique. 15% ont fréquenté une haute école spécialisée. Une majorité de 73% qui souhaiterait que l’on accorde plus d’importance à la diversité mais, comme le fait remarquer, Laetitia Gill, les diversités ne sont pas toujours faciles à identifier. «Il ne faut pas oublier la diversité invisible. Par exemple, il est possible d’avoir un conseil composé de cinq personnes européennes, occidentales, avec un membre ayant grandi en Afrique, un autre en Asie, etc.», observe-t-elle. Le multilinguisme de la Suisse représente d’ailleurs aussi une diversité qui n’est pas toujours visible. La dynamique de groupe permettrait de prendre des décisions. La diversité des membres du conseil, lorsqu’elle est accompagnée par un leadership inclusif, favorisera une dynamique de groupe stimulante et innovante. De plus, elle souligne qu’une limitation de la durée des fonctions (seules 2% des fondations interrogées en ont une) conduit à un renouvellement périodique du conseil. Laetitia Gill retient un point important: «La diversité n’est pas souhaitable juste pour le principe de diversité. Nous la considérons comme un moyen de rendre les fondations plus efficientes.»
«Améliorer et mieux faire connaître ce qui existe déjà»
Andri Silberschmidt, membre du conseil de fondation de Swiss Entrepreneurs Foundation
«Comme dans tous les domaines de la vie, beaucoup de choses ont déjà été entreprises sans être forcément connues de tous», dit Andri Silberschmidt à propos du potentiel d’amélioration de la collaboration entre l’économie, la politique et le monde des fondations. «Selon moi, il existe déjà un potentiel de synergie entre les différentes initiatives afin d’améliorer et de mieux faire connaître ce qui existe déjà, sans devoir créer constamment de nouvelles initiatives», explique le conseiller national et vice-président du PLR Suisse. Il connaît bien les trois secteurs. Après un apprentissage à la Banque cantonale de Zurich, il a co-fondé l’entreprise de restauration Kaisin. Son mandat en tant que membre du conseil de Swiss Entrepreneurs Foundation s’inscrit dans cet engagement plus général.
Passerelle vers la politique
Andri Silberschmidt estime que, fondamentalement, la Suisse est un bon endroit pour entreprendre. «Bien évidemment, je ne suis pas satisfait de toutes les conditions-cadres», avoue-t-il. «Je m’engage donc au parlement pour apporter diverses améliorations.» Il s’engage ainsi pour la numérisation du processus de création d’entreprises et pour faciliter l’accès au personnel et au capital. Et les préoccupations des start-ups sont également prises en compte dans le travail politique d’Andri Silberschmidt. «Avec la fondation du groupe parlementaire Startups und Unternehmentum, nous avons posé la première pierre vers une meilleure implication des besoins de start-ups en politique», explique-t-il. Le conseiller de fondation de Swiss Entrepreneurs Foundation fait la jonction avec cet engagement politique. Car le fait d’avoir de bonnes conditions-cadres légales fait également partie des préoccupations de la fondation. «La Swiss Entrepreneurs Foundation s’engage pour un écosystème de start-ups vivant et fonctionnant correctement», selon lui. La fondation propose son soutien aux start-ups dans leur phase de croissance et de développement international. Elle aide à ce qu’une fondation ne s’oriente pas en premier lieu vers le rendement, ou à ce qu’elle ne soit pas soumise à un cadre réglementaire comme avec l’État. «Une fondation peut se consacrer de manière désintéressée à la cause qu’elle défend et s’engager pour un écosystème solide, sans être partie», dit-il. Il a été élu conseiller de fondation il y a un an. «Le travail dans un conseil de fondation est réellement porteur de sens et cette seule raison devrait le rendre suffisamment attrayant.» Andri Silberschmidt est conscient des efforts qu’un mandat de conseiller de fondation requiert et il est prêt à mettre à l’épreuve cet engagement non rémunéré: «Si la charge de travail est trop importante, une indemnisation devrait alors être envisagée.»
«Le sujet de la vieillesse est captivant»
Eveline Widmer-Schlumpf, présidente du conseil de fondation de Pro Senectute Suisse
«Le sujet de la vieillesse est captivant sur tous les points», déclare Eveline Widmer-Schlumpf pour expliquer ce qui la motive à s’engager chez Pro Senectute Suisse. C’est pour cette raison que l’ancienne conseillère fédérale a répondu favorablement lorsque la commission de sélection l’a sollicitée en 2017 pour la présidence du conseil de fondation de la plus grande organisation spécialisée et prestataire de services pour les questions liées à la vieillesse en Suisse. Elle considère que le dialogue entre les générations est un important prérequis pour forger, également à l’avenir, le socle d’un système social fonctionnel. Les tâches de l’organisation doivent donc aussi être pensées dans le contexte des besoins et des préoccupations des futures personnes âgées. «Il s’agit de missions passionnantes pour lesquelles je continue à m’engager avec plaisir, conformément à la vision de Pro Senectute.»
Les personnes âgées sont une ressource essentielle
Le changement démographique et le sujet de la vieillesse revêtent diverses importances pour le domaine des fondations. C’est pourquoi de nombreuses personnes âgées s’engagent dans les conseils de fondation. Selon Eveline Widmer-Schlupf, le conseil de Pro Senectute est bien représenté au niveau des âges avec un équilibre des sexes. Eveline Widmer-Schlumpf explique que si les jeunes générations sont généralement sous-représentées dans les conseils de fondation, cela provient du fait que les jeunes gens sont souvent très occupés par leurs emplois et leur famille et peuvent difficilement assumer d’autres engagements. Selon elle, en Suisse, le travail bénévole est principalement effectué par des personnes âgées de 65 à 75 ans. Les personnes âgées représentent donc une ressource énorme pour la société. «Nous sommes convaincus que leur contribution sera de plus en plus demandée à l’avenir, surtout en raison du manque de personnel qualifié. Parce qu’ils sont bénévoles, ils sont indispensables pour notre société», dit-elle en citant notamment la prise en charge de parents âgés, l’engagement dans la culture et dans les services sociaux, mais également dans la garde des petits-enfants. Pour utiliser ce potentiel, elle encourage à investir dans l’implication et la collaboration des bénévoles. Elle soutient également le fait qu’une discussion doit avoir lieu sur la compréhension du travail bénévole, surtout en ce qui concerne son indemnisation. «Le travail bénévole n’est pas gratuit», dit-elle. En tant que présidente du conseil de fondation de Pro Senectute Suisse, elle compte continuer à s’engager personnellement au niveau des préoccupations de la population vieillissante. Eveline Widmer-Schlumpf résume ainsi son attrait pour sa mission: «Mon travail pour Pro Senectute est captivant, motivant et plein de sens».
«S’engager pour les plus vulnérables»
Martin Candinas, conseiller de fondation d’ARGO
«Les préoccupations des personnes atteintes de déficiences étaient déjà très importantes à mes yeux lorsque j’étais au Grand Conseil», explique Martin Candinas, vice-président du Conseil national. Il suppose aujourd’hui que c’est grâce à son engagement passé qu’on lui a demandé, il y a maintenant dix ans de cela, d’intégrer le conseil de fondation d’ARGO. À l’époque, il était déjà membre actif de la commission cantonale de Pro Infirmis Grisons. La fondation ARGO s’engage en faveur des personnes atteintes de handicap dans les Grisons. Elle agit pour l’intégration sociale et professionnelle. À cet effet, elle offre des places protégées de logement, de travail et de structure de jour. De plus, la fondation propose des formations et des emplois pour la mise en œuvre de mesures d’intégration professionnelle et sociale.
Forme mixte entre l’État et le marché
«La fondation comble une lacune importante du système», dit Martin Candinas. Il est convaincu qu’une fondation est la forme idéale. Elle remplit mieux ses missions que l’État. Grâce à sa structure décentralisée avec des emplacements à Coire, Ilanz, Davos, Tiefencastel et Surava, la fondation agit directement auprès des personnes concernées et des entreprises. «Nous connaissons les besoins de la société et de l’économie», dit-il. Comme il n’y a pas d’argent à gagner avec ce mode de fonctionnement, il ne voit pas comment l’économie privée pourrait gérer cette fonction. Martin Candinas voit les fondations comme une solution mixte entre l’État et le marché. ARGO collabore avec l’économie. Elle remplit à la fois les mandats de prestations des pouvoirs publics et travaille conjointement avec les offices AI. En accord avec l’idée fédérale de la Suisse, les tâches doivent être exécutées au plus bas niveau possible. «C’est pourquoi l’État a intérêt à prendre soin des fondations», explique l’homme politique de centre. «Toutes les tâches qui sont remplies ou soutenues par les fondations ne sont pas à la charge de l’État.» Afin que la fondation puisse remplir son rôle, elle doit également être sollicitée. Selon lui, elle doit continuer à se développer et adapter les besoins de l’économie et de la société. Pour qu’AGRO puisse répondre à cette exigence, elle a adapté la structure organisationnelle des quatre ateliers, investit dans la numérisation et souhaite relever le défi de l’automatisation. ARGO peut ainsi agir pour la société et dépasser son objectif premier. «ARGO contribue largement à la cohésion de la société et des régions dans les Grisons», dit-il. C’est cet objectif qui motive Martin Candinas à s’engager dans le conseil de fondation. Il affirme: «ARGO s’engage pour les individus les plus vulnérables de notre pays. Qu’y a‑t-il de plus beau?»
«Un mandat au conseil de fondation est un privilège»
Angela Mueller, membre du conseil de fondation de la fondation faîtière Corymbo
Angela Mueller a été informée de la position vacante au conseil de fondation de la fondation faîtière Corymbo via son réseau professionnel. Depuis l’obtention de son diplôme universitaire, elle travaille dans le secteur des organisations non gouvernementales. C’est pourquoi elle a immédiatement été intéressée par cet engagement. «Le courant est tout de suite passé, car les valeurs de Corymbo correspondent à mes valeurs personnelles et professionnelles», explique-t-elle. Angela Mueller siège au conseil de fondation de Corymbo depuis janvier 2021. Ce qui l’attire particulièrement, en plus du contact avec les donatrices et donateurs, c’est la diversité des sujets traités par la fondation faîtière. Corymbo soutient des projets culturels, écologiques et sociaux. Par exemple, Corymbo soutient des projets pour une agriculture à la fois durable et sociale, que ce soit dans le pays ou à l’étranger. «Ces acteurs ont, au début, souvent besoin d’un financement initial, ils ne peuvent générer des revenus qu’à moyen terme et ne peuvent continuer sans soutien financier», explique-t-elle. «Il en va de même pour les projets visant à assurer la subsistance des jeunes par la formation professionnelle, par exemple en tant qu’expert en énergie solaire au Kenya.» Elle considère que c’est un privilège de pouvoir défendre des projets aussi innovants au conseil de fondation.
Pouvoir faire le bien
La fondation faîtière Corymbo fête son 20e anniversaire cette année. Ce n’est pas un hasard si Angela Mueller vient de s’engager dans la fondation faîtière. Elle considère qu’il s’agit de l’avenir des fondations. «Souvent, les fondations définissent un objectif trop étroit. Et les fonds restent bien au chaud à la banque», dit-elle. Pourtant, le but d’une fondation est d’apporter les moyens financiers aux bonnes personnes ou aux groupes cibles souhaités. Selon Angela Mueller, une fondation faîtière constitue bien souvent une meilleure solution que la création de sa propre fondation. Elle estime qu’il est du devoir du conseil de fondation d’être sensible aux développements de la scène des fondations et de pouvoir évaluer quels projets sont porteurs d’avenir. Pour cela, il est utile de disposer d’une grande diversité au sein du conseil de fondation, ce qui permet également de partager les connaissances. En effet, elle considère justement que le potentiel des fondations réside dans leur capacité d’innovation. «Les fondations privées ont la possibilité d’assumer un rôle précurseur et de réagir de manière proactive aux défis de l’avenir», explique Angela Mueller. «Elles doivent se défaire des structures et des façons de penser habituelles et s’ouvrir à la nouveauté, dans tous les domaines. C’est ainsi que le changement peut avoir lieu.» Dans l’atmosphère pessimiste qui règne actuellement dans le monde, elle est fascinée par la force d’innovation avec laquelle les petites ONG réalisent de grandes choses malgré leurs faibles ressources. «Il y a vraiment beaucoup de monde qui se donne du mal pour relever les défis actuels», affirme Angela Mueller. «Cela me fascine et m’inspire.»
«C’est la ressource la plus importante»
Heinz Karrer, président du conseil de fondation de l’UniBE Foundation
«La formation est la base de la paix et de la démocratie», affirme Heinz Karrer, avant d’ajouter: «et la ressource la plus importante de la Suisse». Selon l’ancien CEO de Axpo et président de economiesuisse, elle serait la condition pour que la Suisse dispose d’un personnel compétent. Il n’est pas étonnant qu’il ait accepté la présidence du conseil de fondation de l’UniBE Foundation, crée en 2021, suite à la sollicitation du recteur de l’Université de Berne, Christian Leumann, ainsi que de l’ancien vice-recteur à la recherche, Daniel Candinas.
Renforcer le rayonnement scientifique
L’UniBE Foundation est une fondation d’intérêt général de l’Université de Berne qui soutient la recherche, l’enseignement et la formation continue à l’Université de Berne. Heinz Karrer énonce un objectif clair: «Nous voulons soutenir l’Université de Berne dans la mise en œuvre de sa stratégie afin de lui apporter une visibilité et un rayonnement scientifiques encore plus importants.» L’université doit continuer de compter parmi les 120 meilleures universités au monde. Dans certaines disciplines, elle fait même partie du top dix. Pour que la fondation puisse travailler efficacement, Karrer considère que le contact direct avec les chercheurs est extrêmement utile. Cela permet également de motiver les membres du conseil de fondation. Plus ils subventionnent de projets concrets et attrayants, plus le travail serait intéressant, gratifiant et facile, selon Heinz Karrer. Il accorde une importance croissante aux coopérations nationales et internationales. «L’échange scientifique ne connaît pas de frontières cantonales ou nationales», déclare-t-il. «La collaboration entre les universités et les organisations de toute sorte permet d’accélérer l’innovation.» Il observe ici une évolution réjouissante. L’intensité des coopérations s’est fortement développée. Il estime que les défis concernent surtout le besoin en ressources, les conditions-cadres légales ainsi que l’administration et la coordination. Heinz Karrer estime qu’il n’est pas problématique que l’UniBE Foundation soit active dans un paysage universitaire dans lequel des fondations prospères existent déjà. Au contraire. L’objectif commun les rapproche: «Toute nouvelle fondation prospère aide à renforcer le pôle de recherche et de formation suisse.»
«Nous devrions affronter les problèmes collectifs de façon collective.»
Shruti Patel, membre du conseil de fondation de Biovision
«Quiconque travaille dans la coopération du développement a des objectifs similaires et devra probablement faire face aux mêmes défis», explique Shruti Patel. «Nous devrions faire plus d’efforts pour aborder ces défis et les affronter de façon collective.» C’est pourquoi elle aimerait aussi avoir plus d’interactions avec les membres des autres conseils de fondation. Shruti Patel est membre du conseil de fondation de Biovision. Elle trouve que les discussions avec les autres membres sont très instructives. «Nous avons tous des expériences et origines différentes, ce qui fait que nos échanges sont toujours riches.»
Le sujet de la diversité
Actuellement, Shruti Patel travaille en tant que maître de conférences au NADEL, le centre pour le développement et la coopération de l’EPF de Zurich. Elle a été surprise d’être invitée à rejoindre le conseil de fondation bien qu’elle soit consciente que la diversité est une question très actuelle et qu’en tant que femme avec des origines en Afrique, ses points de vue sont précieux. Elle a accepté, car elle connaît le travail, l’esprit et l’ambition de l’équipe de Biovision. Elle a elle-même travaillé dans l’organisation humanitaire pendant cinq ans. Elle est aujourd’hui membre du conseil de fondation, et ce, depuis juin 2021. Elle continue à voir le potentiel d’interaction entre ses deux domaines de travail: la recherche et les ONG. Elle a remarqué que les chercheurs ont tendance à se tourner vers les travaux pratiques dans le but de collecter des données. «C’est justement la démarche inverse que nous devrions adopter: comment introduire les travaux pratiques dans la recherche?», dit-elle. Comment cela pourrait-il changer notre façon de penser la science? Elle souligne: «Cette interaction doit être permanente. C’est très important!» Elle attache une grande importance à la construction d’un écosystème qui inclut les œuvres caritatives et elle considère que les conditions en Suisse sont tout à fait positives. Une étude du NADEL qu’elle a menée l’an passé a révélé que 36% des résidents suisses font des dons aux organisations destinées à lutter contre la pauvreté dans le monde. Dans les autres pays à revenus élevés, les chiffres sont de 20%. «La population suisse est généreuse et a tendance à s’engager activement dans les œuvres caritatives», remarque Shruti Patel.
«C’est un engagement personnel»
Maria Tortajada, membre du conseil de fondation de la Cinémathèque suisse
Photo: Félix Imhof © UNIL
Grâce à son mandat au sein du conseil de fondation, Maria Tortajada peut à la fois vivre sa passion et soutenir ses recherches, et ainsi faire avancer la fondation avec ses connaissances spécialisées. Elle enseigne l’histoire et l’esthétique du cinéma à l’Université de Lausanne et fait partie du conseil de fondation de la Cinémathèque suisse. «C’est un engagement personnel», déclare-t-elle en ajoutant: «il est évident que cela a du sens pour moi et pour la fondation». Lorsqu’un mandat au sein du conseil de fondation lui a été proposé en 2011, il lui a semblé naturel de l’accepter. Auparavant, elle avait organisé des événements et collaboré avec les archives. En outre, elle dépend des fonds d’archives pour son travail de recherche. À l’inverse, les archivistes de la Cinémathèque suisse continuent de suivre des cours à l’université. Ainsi, ces deux institutions aux missions différentes se complètent bien.
Une importance mondiale
Contrairement à la bibliothèque de l’université, les archives ont une mission triple. Premièrement, elles conservent les films, indépendamment de leur support. Deuxièmement, elles veillent à la conservation des appareils et des techniques. Le personnel doit être capable de se servir des anciens appareils et connaître les techniques modernes. Enfin, les archives conservent l’histoire du cinéma et du film suisse. Bien qu’il s’agisse d’une institution privée, celle-ci revêt une importance communale, cantonale et nationale. «Il s’agit d’une institution extrêmement importante», affirme Maria Tortajada à propos de la Cinémathèque suisse. D’ailleurs, il est peu connu que ce sont les sixièmes archives de films les plus importantes au monde. Elles se sont considérablement développées ces vingt dernières années et, bien que le nombre de collaborateurs ait beaucoup augmenté, les ressources ont du mal à suivre l’évolution de la demande. «En tant que membre du conseil de fondation, je suis aussi amenée à gérer ce type de difficultés», explique Maria Tortajada. Avec son réseau international et ses événements, l’institution est toutefois convaincante et elle participe activement aux débats mondiaux. Son engagement fascine Maria Tortajada qui déclare: «C’est merveilleux, j’en suis ravie.»
«Un travail honnête et honorable»
Laura Amstutz, membre du conseil de fondation de Markant-Stiftung
«Les demandes nous permettent d’avoir une bonne vue d’ensemble sur les tendances culturelles et éducatives. Mais on voit aussi quels sont les défis auxquels la société doit faire face», déclare Laura Amstutz pour expliquer ce qui la stimule dans son travail de conseillère de fondation chez Markant Stiftung. La fondation d’utilité publique est très diversifiée. Elle soutient les projets d’utilité publique, culturels ainsi que ceux concernant la jeunesse. En plus de ces sujets, Laura Amstutz a été convaincue par l’approche simple et directe de la fondation. Elle voit quelles lignes elle peut faire bouger grâce à son travail. «Et il s’agit d’un travail honnête et honorable.» Dans la fondation, Laura Amstutz occupe un double rôle: elle est actuaire et conseillère de fondation. Son profil correspond à ces tâches. Le contact s’est fait par son réseau personnel et, lors de la rencontre avec les autres membres du conseil, il était clair que l’alchimie était parfaite. Elle voit ici du potentiel encore inexploité pour le recrutement des jeunes gens pour des mandats au sein de conseils de fondation. «Ce qui serait souhaitable, c’est que les fondations publient des annonces pour leurs mandats sur des plateformes (de réseaux sociaux)», dit-elle en énonçant un deuxième point sur la manière dont les jeunes peuvent être approchés pour cette tâche: «Pour qu’ils puissent se dégager du temps pour ces ressources, une indemnisation serait certainement indispensable.»
Choisie par le conseil cantonal
Il en a été tout autrement pour son deuxième mandat de conseillère de fondation: Laura Amstutz a été élue par le Conseil cantonal pour faire partie de la fondation pour la jeunesse de Lucerne. C’est parce qu’elle était, par le passé, souvent en contact avec des délégués à la jeunesse du canton dans divers projets que son nom a été suggéré pour le conseil de fondation. La particularité du comité: les membres représentent d’autres organisations. «L’avantage réside certainement dans la communication. Les représentants des organisations font le lien, entre autres, avec les diverses organisations pour la jeunesse.» En même temps, Laura Amstutz voit un certain risque d’immobilisme en raison de la taille du conseil. Grâce à sa structure organisationnelle, la fondation agit différemment: «Les sujets importants sont pris en charge par des sous-groupes plus petits au sein du conseil de fondation», nous explique-t-elle.
«Créer une plus-value pour la société»
David Suhr, conseiller de fondation de Qhubeka Stiftung
À l’origine, il y avait des donatrices et des donateurs prêts à soutenir la Qhubeka Charity en Afrique du Sud. «C’est ainsi qu’est venue l’idée de créer une fondation en Suisse afin de collecter des fonds», raconte David Suhr. Il était partant depuis le début. L’approche simple mais précieuse consistant à utiliser des vélos pour faciliter l’accès à l’éducation, à la santé et à l’environnement, l’a immédiatement convaincu. Qhubeka connaît différents programmes. Le vélo est toujours le point de départ de la subvention. Pour les enfants, le vélo leur permet d’accéder à l’éducation et au sport. Les jeunes adultes et les personnes sans emploi peuvent obtenir un vélo de différentes manières, par exemple par des travaux manuels. Et pour que le programme soit durable, Qhubeka forme sur place des mécaniciennes et mécaniciens et offre des formations à la sécurité. L’engagement de David Suhr dans ce domaine est intimement lié à ses valeurs. En plus de sa foi chrétienne, il a été marqué par ses parents qui étaient des spécialistes et des dirigeants dans le domaine de la coopération au développement: «Cela me motive à m’investir pour un monde plus juste.»
Une grande responsabilité
En tant que membre du conseil de fondation de Qhubeka en Suisse, il souhaite créer une plus-value pour la société sur le long terme. Il considère que les organisations à but non lucratif ont une responsabilité envers l’État, les citoyennes et les citoyens. Comme les fondations ne sont pas imposables, elles disposent de fonds qui seraient autrement à la disposition du système démocratique. «À mon avis, le rôle de la fondation est de travailler pour son objectif défini, d’essayer de nouvelles choses dans ces domaines et en même temps de représenter les voix des parties prenantes concernées avec lesquelles la fondation collabore depuis le début.» Pour que plus de jeunes s’engagent aussi dans les conseils de fondation, il suggère que des annonces pour les postes vacants soient publiées et qu’elles soient communiquées de manière ciblée sur les canaux adaptés aux jeunes. En outre, les collaborateurs existants des conseils de fondation doivent être prêts à concéder les mêmes droits et devoirs aux jeunes collègues. «Cela semble simple, mais de mon point de vue, ce n’est pas encore vraiment le cas dans la pratique», dit-il. Pour renforcer la position des jeunes gens, il serait utile de mettre en place une formation ciblée pour le rôle au sein d’un conseil de fondation, comme le fait par exemple Board for Good avec des bourses.
«L’égalité salariale doit devenir réalité le plus rapidement possible»
Lisa Mazzone, membre du conseil de la Fondation EQUAL-SALARY
EQUAL-SALARY offre aux entreprises, via un système de certification, une procédure professionnelle visant à les soutenir pour combler l’écart salarial. Ce pont important jeté par la Fondation transpose les exigences politiques dans la réalité des entreprises et leur permet de faire connaître leur engagement. Cette thématique a convaincu Lisa Mazzone de s’engager en tant que membre du conseil de fondation. «L’égalité salariale est un droit humain fondamental», souligne la conseillère aux États genevoise (Verts), avant d’ajouter: «Elle n’est malheureusement pas encore une réalité.» Selon elle, il est fondamental d’œuvrer en faveur de l’égalité des chances au travail. Mettre fin aux discriminations améliore concrètement la condition des femmes. «Il y a toutefois encore beaucoup à faire dans ce domaine», indique-t-elle. C’est pourquoi elle s’engage en tant que membre du conseil de fondation. «L’égalité salariale doit devenir réalité le plus rapidement possible, déclare Lisa Mazzone à propos de son engagement, et j’ai envie d’y contribuer.»
La responsabilité de la sphère politique
Selon Lisa Mazzone, la sphère politique a aussi sa part de responsabilité à assumer pour que la Fondation ait encore plus d’impact. La politique doit être plus exigeante et plus ambitieuse pour combler l’écart salarial, souligne-t-elle. C’est en sa qualité de représentante de la sphère politique que la conseillère aux États a été élue au conseil de fondation. Elle exerce cette fonction depuis un an et constate le dynamisme avec lequel la Fondation va de l’avant. «La Fondation est très innovante», déclare Lisa Mazzone. EQUAL-SALARY apporte également des outils pour l’égalité des chances. Une grille salariale rigoureuse ne protège en effet pas des écarts salariaux sur le moyen terme. «Il s’agit d’analyser le recrutement, la formation, la promotion. La politique devrait s’inspirer de cette démarche qui permet de s’attaquer aux biais inconscients qui sont à l’origine de discriminations.»
«Pour faire progresser au mieux l’énergie»
Franziska Gsell, conseillère de fondation de Laureus
«Avec un large éventail d’expériences associé à une vision entrepreneuriale dans différents domaines, il est possible de faire progresser au mieux l’énergie», Franziska Gsell cite ainsi les avantages dont bénéficie le conseil de la Fondation Laureus. Avec les représentantes et représentants de différents sports et secteurs économiques, la CMO de IWC Schaffhausen s’engage au sein du conseil. L’entreprise est un partenaire international de la fondation depuis 2005. C’est de cette façon que le contact s’est établi. Franziska Gsell est conseillère de fondation depuis un an maintenant. Les origines diverses des différents membres représentent, à certains moments, un défi pour elle. Mais elle affirme: «Les défis sont parfois le moteur d’une collaboration fructueuse. Exactement comme dans le sport, la franchise, le respect, la tolérance, la vision à long terme et l’équité sont des conditions de base centrales.»
L’esprit d’entreprise
Pour le succès d’une fondation, Franziska Gsell estime que la communication transparente concernant la répartition des fonds et le développement de la fondation est particulièrement importante. Et il faut que les fondations aient l’esprit d’entreprise: «Pour faire bouger les choses sur le long terme, les fondations doivent aussi former leurs collaborateurs, impliquer des experts ou investir dans l’infrastructure et le marketing.» Mais elle considère que les fondations ont parfois un avantage sur les entreprises. «Elles sont bien souvent plus agiles, plus flexibles et moins politisées. C’est seulement ainsi qu’elles peuvent remplir leur rôle, qui va bien au-delà du profit», dit-elle. «Si chaque entreprise pouvait suivre un objectif social, l’économie pourrait faire des miracles.» Selon elle, IWC intègrerait cette idée. L’entreprise a défini depuis peu son «objectif»: Engineering beyond time. IWC souhaiterait ainsi créer un meilleur avenir pour les générations à venir. L’engagement auprès des enfants a également été déterminant pour Franziska Gsell dans sa mission en tant que conseillère de fondation: «Je suis heureuse d’apporter ma contribution, de rendre le monde un peu meilleur pour nos enfants.»
«Un excellent outil de politique sociale»
Marco Chiesa, conseiller de fondation de Pro Infantia
Le constat de la nécessité d’une structure juridique solide avec des membres compétents et motivés, pour le bien des enfants, des familles et des collaborateurs, a poussé Marco Chiesa à fonder Pro Infantia avec quatre autres alliés. «Les fondations sont un excellent outil de politique sociale», dit-il. Parmi les individus qu’il a rencontrés, il a toujours trouvé des personnes motivées et compétentes. «Par conviction, elles apportent leur contribution à la société, sans exiger de contrepartie.» Lui-même s’engage parce qu’il souhaite apporter une contribution précieuse pour quelque chose de bien et d’important. «Le salaire de ce travail c’est le sourire des enfants, la passion des collaborateurs et la satisfaction des parents», explique-t-il. Il voit cependant un potentiel d’amélioration avec une mise en relation entre la politique et le monde des fondations. Cela pourrait aider les gens ayant les mêmes préoccupations à réaliser des projets tels que Pro Infantia.
Une répartition claire des tâches
Pro Infantia a été fondée en 2017 dans le but de contribuer à l’éducation des enfants en âge préscolaire au Tessin. Ce sujet représente une réelle préoccupation pour le président de l’UDC. «L’éducation est de la responsabilité des parents. En tant que mères et pères, nous sommes responsables de leur développement», rappelle-t-il avant d’ajouter: «Cette tâche ne peut pas être déléguée à l’État ou à une institution privée.» Marco Chiesa reconnaît que dans certaines situations les infrastructures telles que les crèches pourraient contribuer à améliorer la conciliation entre travail et famille. Pour le Tessin, en tant que petite région linguistique comptant une cinquantaine de crèches, il voit l’importance fondamentale de l’initiative publique-privée avec une répartition claire des tâches. L’État est responsable de l’élaboration de règles et de contrôles de qualité. «La gestion des crèches est dans les mains des initiatives privées. Les frais sont établis en fonction des revenus», dit-il en soulignant la politique sociale menée au Tessin et déclare: «Ce ne sont pas les défis qui manquent, mais nous sommes sur la bonne voie.»
Vous avez tous répondu à notre invitation sur LinkedIn à rendre votre engagement visible. Nous vous en remercions de tout cœur. Le monde des fondations est dynamique. Il est varié et vit de l’engagement personnel et de la passion d’individus. Avec vous, chères lectrices et chers lecteurs, nous voulons trouver ces prochains mois des idées et des formats pour faire avancer le secteur de manière participative et collaborative.
«En tant que conseillère de fondation, je peux faire en sorte que les caisses de pension et les particuliers suisses investissent dans des entreprises réellement durables et prennent en compte dès aujourd’hui les intérêts des générations futures.»
Membre du conseil de fondation d’Ethos
«Je m’engage pour la fondation IdéeSport parce que l’innovation et le développement de son programme s’adaptent aux changements de notre société et font de la Suisse un endroit meilleur et plus accueillant.»
Membre du conseil de fondation d’IdéeSport
«En plaçant une part considérable de leur fortune dans une fondation juridiquement indépendante, mes parents ont créé un trésor qui renferme un potentiel incroyable que je souhaite exploiter et préserver.»das ich erschliessen und
bewahren möchte.»
Membre du conseil de fondation Werner und Helga Degen
«Je m’engage pour notre fondation afin de pouvoir améliorer durablement la vie des gens.»
Marc-André Pradervand
Président du conseil de fondation de Baustei
«L’effet positif de la thérapie sur les enfants est tellement évident que je suis heureux d’apporter mon temps et ma créativité à la fondation, car je constate des progrès en matière de collaboration avec les hôpitaux et les thérapeutes, et que le travail au sein du conseil de fondation avec notre équipe opérationnelle me procure beaucoup de plaisir!»
Vice-président du conseil de fondation d’Art-Therapie
«En combinant mes connaissances et mon expérience ainsi que mon souhait de participer activement à la construction de l’avenir, j’aimerais apporter ma contribution afin que la Pensionskasse Stadt Zürich puisse continuer à remplir la mission qu’elle a assumée vis-à-vis de ses assurés.»
Présidente du conseil de fondation
«C’est justement dans la situation actuelle avec ses nombreux défis (économiques et politiques) que l’intérêt général est souvent écarté au profit des intérêts personnels. Je considère qu’il est donc encore plus important d’agir au sein d’organisations (en tant que conseiller de fondation) qui s’investissent pour que les personnes soient soutenues dans leurs droits, qu’elles soient encouragées dans leurs compétences et qu’elles soient accompagnées en se concentrant sur leur inclusion comme le fait la fondation HUMANITAS.»
Cornelia Trachsler-Ariol
Membre du conseil de fondation de HUMANITAS – Travailler, habiter et vivre pour les personnes en situation de handicap.
«Les enfants, la formation, les opportunités, tout cela fait partie des sujets qui me tiennent à cœur. La fondation Pestalozzi Schulcamps ramène les enfants qui sont en marge de la société au centre et leur permet de vivre et d’apprendre pendant une semaine avec le meilleur de la musique, de la danse et des sciences. Le fait que la fondatrice et directrice de l’entreprise gère le tout de manière rigoureuse et entrepreneuriale, tout en s’investissant corps et âme, et avec ses enfants, est quelque chose de très particulier. Le fait d’avoir pu accompagner la fondation depuis le début par des conseils et des actions me remplit d’une grande gratitude.»
Membre du conseil de fondation de Pestalozzi Schulcamps