Fotos: Desiree Palmen

Invi­si­ble

Quand personne d’autre ne vient en aide

En dépit du niveau élevé, la protec­tion sociale en Suisse n’est pas sans lacu­nes. Lorsqu’une mala­die grave frappe un enfant ou que quelqu’un sombre dans la pauvreté, lorsqu’une personne en situa­tion de handi­cap a besoin d’aide ou qu’un réfu­gié souhaite s’intégrer, les orga­ni­sa­ti­ons à but non lucra­tif réali­sent un fantas­tique travail.

Même si la préca­rité ne connaît pas de saisons, les mois froids apportent leur lot de diffi­cul­tés supp­lé­men­tai­res. «Encore aujourd’hui, l’hiver est source de grands défis pour les person­nes touchées par la préca­rité, souvent invi­si­ble», déclare Monika Stampfli, direc­trice du Secours suisse d’hiver. Cette orga­ni­sa­tion vient en aide aux person­nes en situa­tion de préca­rité, prend en charge les factures urgen­tes ou apporte son aide par le biais de presta­ti­ons en nature. Ache­ter des vête­ments chauds, se chauf­fer ou fêter les fêtes de fin d’année néces­site de l’argent que n’ont pas les person­nes concer­nées. La vie sociale se déplace égale­ment vers les espaces inté­ri­eurs, ce qui isole encore davan­tage les person­nes en situa­tion sociale précaire. «Bien souvent, la pauvreté finan­cière entraîne un isole­ment social», expli­que Monika Stampfli. Avant d’ajouter: «Être pauvre coûte de l’énergie».

Dans l’ombre de la richesse

Selon le Global Wealth Report 2021, la rich­esse de la Suisse s’élève à 4689 milli­ards de dollars, ce qui la place au 15e rang des pays les plus pros­pè­res. La préca­rité est un défi d’autant plus important. «De nombreu­ses person­nes pensent que la préca­rité n’existe pas en Suisse», souli­gne Monika Stampfli, «car la préca­rité y est souvent invi­si­ble». Nombreux sont celles et ceux qui atten­dent trop long­temps avant de deman­der de l’aide, par peur et par honte. Ces person­nes risquent ainsi de tomber dans une spirale d’endettement avant d’obtenir de l’aide. Le Secours d’hiver s’efforce donc égale­ment d’encourager les gens à se mani­fes­ter suffi­sam­ment tôt. Cela est parti­cu­liè­re­ment diffi­cile là où le contrôle social est élevé, à savoir dans les zones plutôt rura­les. Et Monika Stampfli d’ajouter: «Nos respons­ables de secré­ta­ri­ats dispo­sent heureu­se­ment d’un bon réseau. Dans les zones rura­les, ils pren­nent égale­ment l’initiative d’aller vers les person­nes en grande diffi­culté.» Mais il existe aussi une préca­rité cachée en ville ou en agglo­mé­ra­tion. Le Sozi­al­werk Pfar­rer Sieber est établi à Zurich, ville bancaire et d’assurances par excel­lence. Ses employés cons­tat­ent égale­ment que les person­nes en situa­tion de préca­rité sont réti­cen­tes à deman­der de l’aide.

«Prêter assis­tance est très complexe, car il est diffi­cile d’atteindre les person­nes dans le besoin», indi­que Walter von Arburg, responsable commu­ni­ca­tion du Sozi­al­werk. Il évalue cela de façon nuan­cée cepen­dant. «La honte de ne plus être tota­le­ment maître de sa vie fait que les gens souhai­tent en même temps vivre de manière auto­nome et donc sans aide exté­ri­eure le plus long­temps possi­ble. C’est très posi­tif», souli­gne-t-il. Avec ses offres à bas seuil, le Sozi­al­werk ne cher­che pas seule­ment à assurer la survie des person­nes. Il souti­ent une amélio­ra­tion progres­sive de leurs condi­ti­ons de vie.

Dans le meil­leur des cas, la réin­té­gra­tion sur le marché du travail et dans la société est un succès. Dans l’idéal, cela permet de mener une vie auto­nome et responsable. Walter von Arburg connaît égale­ment les défis supp­lé­men­tai­res à rele­ver en hiver. Le froid et la pluie augmen­tent la demande d’hébergement d’urgence ou de vête­ments chauds. Pour lui, cepen­dant, il est important de ne pas réduire la détresse aux aspects maté­ri­els. Il estime que l’isolement est le problème central. «Grâce au travail rela­ti­on­nel, nous parve­nons à faire en sorte que les gens croi­ent à nouveau en les autres et en eux-mêmes. C’est une condi­tion préalable pour que les person­nes dans le besoin puis­sent à nouveau élabo­rer et mettre en œuvre des projets», précise-t-il. Monika Stampfli s’intéresse à un groupe parti­cu­liè­re­ment vulné­ra­ble. Elle estime que la situa­tion est parti­cu­liè­re­ment cata­stro­phi­que lors­que des enfants gran­dis­sent isolés socia­le­ment. Le Secours suisse souhaite préve­nir cet isole­ment grâce à un programme de soutien spécial. «Ce programme permet aux enfants défa­vo­ri­sés de parti­ci­per à des acti­vi­tés de loisirs, telles que le sport ou la musi­que, avec leurs cama­ra­des», explique-t-elle.

Desi­ree Palmen, Rotter­dam, Public Space Camou­flage, 2000/2001.

Igno­rance, argent, organisation

Kinder sind beson­ders expo­niert. Werden sie krank, kann sich ein Fami­li­en­le­ben abrupt ändern. «Die Situa­tion in einer ‹norma­len› Fami­lie mit einem krebs­kran­ken Kind ist immer ange­spannt, auch finan­zi­ell», sagt Paul Castle. Er ist Vize­prä­si­dent der Stif­tung für krebs­kranke Kinder, Regio Basi­li­en­sis.

Und auch hier kann das Bild der reichen Schweiz trügen. «Die ‹reiche Schweiz› hat Les enfants sont parti­cu­liè­re­ment expo­sés. S’ils tombent malades, la vie de famille peut chan­ger brusquement. «La situa­tion d’une famille ‹normale› ayant un enfant atteint d’un cancer est toujours tendue, y compris sur le plan finan­cier», souli­gne Paul Castle, vice-prési­dent de la fonda­tion Stif­tung für krebs­kranke Kinder, Regio Basiliensis.

Et là aussi, l’image d’une Suisse riche peut être trom­peuse. «La ‹Suisse riche› a un excel­lent système de santé», indi­que-t-il. «Beau­coup de gens pensent que les cais­ses-mala­die couvrent tous les frais médi­caux et tous les soins dans le cadre d’un cancer. Mais c’est loin d’être le cas.» Paul Castle expli­que que les cais­ses-mala­die se concent­rent sur le trai­te­ment direct du cancer, parfois très coûteux. Mais ce n’est qu’une infime partie des défis que doit rele­ver une famille ayant un enfant atteint d’un cancer. «Il ne s’agit pas de théra­pies spécia­les rares, mais plutôt d’acheter, par exemple, un mate­las adapté à un enfant qui souf­fre beau­coup», précise-t-il. C’est là qu’interviennent des orga­ni­sa­ti­ons comme la fonda­tion Basler Stif­tung. Paul Castle sait, de par sa propre expé­ri­ence, quelle aide ces orga­ni­sa­ti­ons peuvent appor­ter et ce dont une famille a besoin dans cette situa­tion. Lors­que le cancer de son fils a été diagnos­ti­qué il y a 16 ans, il a trouvé peu d’informations vulga­ri­sées sur la leucé­mie infan­tile sur Inter­net. Aussi, indi­que-t-il aujourd’hui: «Les problé­ma­ti­ques clés pour moi – et je pense que ce n’est pas atypi­que – étai­ent mon igno­rance, l’argent, la gestion du temps et l’avenir scolaire.» À l’école, la famille a pu comp­ter sur le soutien du profes­seur et de quel­ques amis, qui ont apporté leur aide, notam­ment après le retour. Son fils n’a pas été en cours pendant six mois. Paul Castle insiste sur l’importance du «suivi» des adole­s­cents. Et il va de soi que la situa­tion finan­cière et orga­ni­sa­ti­on­nelle a mis la famille à rude épreuve. L’hôpital où son fils était soigné n’avait pas encore de fonda­tion. Une maison pour les parents lui a cepen­dant permis de se loger à proxi­mité à moind­res frais. Paul Castle a néan­mo­ins dû épon­ger les dettes pendant un long moment. Son chef et l’ensemble de l’entreprise se sont montrés très arran­geants quant à l’organisation de son temps. Cela ne coule pas de source pour beau­coup de parents, souli­gne-t-il. Et surtout en péri­ode de pandé­mie, les famil­les touchées doivent faire face à des défis supp­lé­men­tai­res. «Lors­que le chômage partiel voire les licen­cie­ments se sont invi­tés dans certa­ins secteurs en 2020, la situa­tion de certa­ins parents est deve­nue encore plus précaire», indi­que Paul Castle.

Être présent sans être perçu: l’artiste Desi­ree Palmen de Rotter­dam met en scène un fiasco de manière ludi­que grâce à la photo­gra­phie. Street­wise, Rotter­dam 2002.

La pandé­mie accroît la pres­sion sociale

Monika Stampfli observe que la pandé­mie a rendu la préca­rité visi­ble. Paral­lè­le­ment, elle a plongé des gens dans la pauvreté et a exacerbé leur situa­tion déjà fragile. Elle nous parle du cas d’une mère élevant seule ses enfants. En plus de la pension alimen­taire, elle faisait des ména­ges pour subve­nir à ses beso­ins. Lors­que les ména­ges ont cessé, la mère s’est tour­née vers le Secours d’hiver, car elle n’avait plus rien à manger. L’organisme d’entraide a pu lui venir en aide en lui four­nis­sant des bons alimen­tai­res et en pren­ant en charge son loyer. «Ce cas illus­tre parfai­te­ment celui des person­nes qui pouvai­ent vivre sans aide avant la pandé­mie. Dans de nombreux cas, comme ici, le Secours d’hiver a apporté une aide d’urgence qui a permis de tempo­ri­ser jusqu’à l’arrivée du soutien de l’État.» Walter von Arburg a égale­ment dû obser­ver comment la peur liée à l’assise finan­cière condui­sait à l’insécurité indi­vi­du­elle. Cette dernière était parti­cu­liè­re­ment forte chez les person­nes ayant un emploi irré­gu­lier. «Et pour les person­nes qui étai­ent déjà margi­na­li­sées, sans-abri, victi­mes de dépen­dan­ces ou isolées, la pandé­mie est un défi avant tout parce que les centres d’accueil ont égale­ment dû élabo­rer et appli­quer des concepts de protec­tion», expli­que-t-il. «Dans les faits, cela signi­fie moins d’espace pour au moins autant d’usagers.» La pres­sion sociale qui pèse sur ces person­nes s’est donc encore accrue: les centres d’accueil et les soupes popu­lai­res sont essentiels pour elles, précis­é­ment en raison des cont­acts sociaux. Afin de pouvoir répondre à la demande, le Sozi­al­werk Pfar­rer Sieber a donc restruc­turé en quel­ques jours l’espace de l’hébergement d’urgence Pfuus­bus pour l’adapter au contexte de pandémie.

Plus flexi­bles que prévu

La fonda­tion Züri­werk a dû adap­ter ses offres d’hébergement et de travail en raison de la pandé­mie. Cette fonda­tion œuvre pour les person­nes souf­frant de trou­bles, dans les domaines du loge­ment, du travail et de la forma­tion. Elle offre une multi­tude de services à différ­ents endroits de la ville de Zurich, de l’agglomération et de l’Oberland zurichois. En vue de préser­ver leur santé, les person­nes ont vu leur auto­no­mie limi­tée en ce qui concerne la possi­bi­lité de faire leurs cour­ses de manière auto­nome ou de prendre les trans­ports publics. À titre de compen­sa­tion, Züri­werk a orga­nisé davan­tage d’espaces d’activités pour les grou­pes accom­pa­gnés. Les équipes ont su former des grou­pes pour empê­cher en grande partie que diffé­ren­tes person­nes inter­nes et exter­nes ne se mélangent.

«Mais nous avons aussi des person­nes souf­frant de handi­caps multi­ples graves», expli­que Alex­an­dra Elser, responsable de la coll­ecte de fonds chez Züri­werk. «Elles dépen­dent d’une aide profes­si­on­nelle lorsqu’elles portent le masque.» La proxi­mité et la distance étai­ent des ques­ti­ons importan­tes, lors des repas par exemple. Alex­an­dra Elser a cepen­dant pu obser­ver: «Les person­nes que nous accom­pa­gnons se sont montrées plus flexi­bles que prévu.» Il a égale­ment été possi­ble d’exécuter les mandats et de répondre aux deman­des des clients. Le défi était cepen­dant d’arriver à finan­cer égale­ment ces changements.

Pour cela, Züri­werk a pu comp­ter sur une grande soli­da­rité. Les dona­teurs ont souvent été plus géné­reux durant la pandé­mie. À l’inverse, l’absence de certa­ins mandats a entraîné une perte de recet­tes. Le soutien du canton est resté stable.

Proche de l’économie

Les rési­dents de la fonda­tion Plan­kis ont vécu les chan­ge­ments dans leur vie quoti­di­enne de manière tout aussi radi­cale. Plan­kis propose aux person­nes souf­frant de handi­cap du travail et un loge­ment à Coire. 

Lors du premier confi­ne­ment et durant des mois, les rési­dents n’ont pas pu rendre visite à leur famille le week-end comme ils en avai­ent l’habitude. «Et leur famille n’a pas non plus été auto­ri­sée à leur rendre visite», souli­gne le direc­teur Beda Gujan. «La situa­tion a été diffi­cile. Avec le confi­ne­ment, nos rési­dents se sont tout à coup vus régresser de plus­ieurs décen­nies en termes de parti­ci­pa­tion, d’autodétermination et de posi­tion au sein de la société.» En revan­che, les rési­dents ont appli­qué les nouvel­les règles de manière quasi auto­ma­tique. En temps normal, ils sont déjà habi­tués à suivre des instruc­tions au quotidien.

«Ce comporte­ment exem­plaire et la pati­ence dont ont fait preuve ces person­nes souf­frant d’un handi­cap m’ont impres­si­onné», souli­gne-t-il. Beda Gujan a observé un décalage avec la société à ce niveau. Tandis que cette dernière se perdait dans les contro­ver­ses, les person­nes en situa­tion de handi­cap n’ont eu aucun problème à s’adapter avec souplesse à la nouvelle situa­tion. La fonda­tion a, par ailleurs, connu un effet écono­mi­que posi­tif durant la pandé­mie. Elle a enre­gis­tré une augmen­ta­tion signi­fi­ca­tive de la clientèle inté­res­sée par ses produits locaux fabri­qués sur place. Plan­kis doit cela à sa proxi­mité assu­mée avec le secteur écono­mi­que. Plan­kis est ainsi parve­nue à géné­rer envi­ron 60% de son budget à l’aide des ventes de produits et de services, y compris des reve­nus rési­dentiels. Cette proxi­mité faci­lite égale­ment l’intégration des rési­dents sur le marché du travail prima­ire. «Nous y parve­nons géné­ra­le­ment dans six à neuf cas par an.» La fonda­tion souhaite réduire autant que possi­ble la diffé­rence entre les emplois proté­gés et non proté­gés. Dans la mesure du possi­ble, les employés en situa­tion de handi­cap sont trai­tés de la même manière que les autres employés. Si la situa­tion le permet, Plan­kis emploie égale­ment des person­nes handi­ca­pées dans les restau­rants et magasins. «Pour bon nombre de nos clients ou visi­teurs, ce n’est souvent qu’au second coup d’œil qu’ils sont capa­bles de faire la diffé­rence entre un rési­dent et un enca­drant», expli­que Beda Gujan. L’acceptation dans la société est élevée. Selon Beda Gujan, la visi­bi­lité des rési­dents de Plan­kis dans l’espace public est le meil­leur outil de commu­ni­ca­tion pour leur travail. Ils se présen­tent ainsi comme faisant partie inté­grante de la société. «Quicon­que fait l’expérience de ce que les person­nes handi­ca­pées peuvent accom­plir sera en mesure de voir la valeur des emplois proté­gés», souli­gne Beda Gujan. Cela ne fait pas de doute non plus pour Alex­an­dra Elser: «Si notre fonda­tion veut contin­uer à être écono­mi­quement perfor­mante, nous devons aussi nous orien­ter en fonc­tion du marché.» Elle constate que de plus en plus d’entreprises assu­ment leur responsa­bi­lité socié­tale d’entreprise (RSE) à différ­ents niveaux, ce qui se reflète dans le carnet de comman­des. «Nous sommes amenés à élar­gir constam­ment notre offre», dit-elle avant d’ajouter, «les jeunes entre­pre­neurs de start-up notam­ment sont parti­cu­liè­re­ment inté­res­sés par une colla­bo­ra­tion avec nous.» Züri­werk se charge habi­tu­el­le­ment de tâches comme la créa­tion et la gestion de la boutique en ligne ou la four­ni­ture de services logis­ti­ques. Les mandants font géné­ra­le­ment preuve de beau­coup de bonne volonté, que ce soit en matière de postes de travail inté­g­rés ou de comman­des indus­tri­el­les. Il y a égale­ment une ouver­ture avec un «bonus» mental, pour ainsi dire – sans que l’on s’attende à moins de profes­si­on­na­lisme. Une expé­ri­ence parta­gée par Beda Gujan. «Nous savons que le volet social est un argu­ment auprès des clients. Mais aucun client n’achète une deuxième fois, si la qualité n’est pas au rendez-vous.»

Foto: Desi­ree Palmen

Rendre visi­ble

Les coopé­ra­ti­ons avec le secteur écono­mi­que sont, entre-temps, très variées. Züri­werk béné­fi­cie ainsi d’une action chez Jelmoli. Au lieu de faire une campa­gne promo­ti­on­nelle durant le Black Friday, le grand magasin s’implique dans le Giving Tues­day et reverse cinq francs à la fonda­tion Züri­werk à partir d’une valeur d’achat de 50 francs, du 26 novembre au 30 novembre 2021. Züri­werk propose égale­ment une expé­ri­ence unique en offrant la possi­bi­lité de chan­ger de perspec­tive. Les entre­pri­ses peuvent sortir de leur zone de confort. Leurs employés peuvent passer une jour­née en compa­gnie de person­nes souf­frant de trou­bles cogni­tifs. Cela a pour objec­tif d’apaiser les crain­tes. D’informer. De vivre l’inclusion. «De nombreu­ses entre­pri­ses appré­hen­dent ce jour, car elles igno­rent comment abor­der ces person­nes. Une fois qu’elles y ont goûté, elles revi­en­nent encore et toujours», souli­gne Alex­an­dra Elser. Elles cons­tat­ent à quel point les person­nes souf­frant de trou­bles cogni­tifs éprou­vent une grande joie et une grande fierté à faire leur travail. «Cette grande satis­fac­tion me fascine égale­ment», ajoute-t-elle. La valeur du travail pour la confi­ance en soi et l’intégration dans la société est la problé­ma­tique de Power­co­ders. L’association souhaite placer les réfu­giés et les migrants sur le marché du travail. Le travail est extrê­me­ment important pour ces personnes.

«Elles veulent à tout prix travail­ler», indi­que Chris­tina Gräni, responsable commu­ni­ca­tion chez Power­co­ders. Elles sont moti­vées par la volonté d’être accep­tées par la société et de pouvoir montrer leur potentiel. Ces person­nes souhai­tent égale­ment ne pas dépendre de l’aide sociale. La pandé­mie n’a rien changé à cela, expli­que-t-elle. Le travail est toute­fois devenu plus exigeant. Le télé­tra­vail a rendu l’intégration sociale dans les équipes plus difficile.

Mais ces défis supp­lé­men­tai­res ne peuvent pas mettre en péril le concept de Power­co­ders, car il résout deux problè­mes à la fois. «Il y a d’une part en Suisse de nombreux réfu­giés à fort potentiel», expli­que Chris­tina Gräni, et «d’autre part, le secteur infor­ma­tique souf­fre d’une pénurie de person­nel quali­fié». L’avantage est que l’informatique, en tant que langage univer­sel, aide à surmon­ter les diffé­ren­ces culturelles.

Un concept qui fonctionne

Le programme Power­co­ders se compose de quatre phases. L’association procède tout d’abord à un recru­tement pour trou­ver les bons candi­dats. De nombreux parti­ci­pants au programme – la propor­tion de femmes est supé­ri­eure à 25%, grâce à des efforts parti­cu­liers notam­ment – sont titu­lai­res d’une licence ou d’un master en infor­ma­tique ou en scien­ces natu­rel­les. Ils ont obtenu leur diplôme dans leur pays d’origine. «Ces person­nes ont souvent les forma­ti­ons adéqua­tes et avai­ent une vie agréa­ble avant d’être forcées de fuir leur pays», expli­que-t-elle. Une forma­tion en infor­ma­tique ou en scien­ces natu­rel­les n’est toute­fois pas une condi­tion préalable à l’admission. Celles et ceux qui appren­nent vite ont égale­ment une chance. Des tests déter­mi­nent leur courbe d’apprentissage et leurs capa­ci­tés de compré­hen­sion. Les person­nes rete­nues suivent un programme inten­sif, dans lequel elles acquiè­rent des connais­sances infor­ma­ti­ques. Y sont égale­ment enseig­nées des compé­ten­ces socia­les et en commu­ni­ca­tion, tout aussi importan­tes sur le marché du travail suisse. Les parti­ci­pants au programme Power­co­ders doivent ensuite faire leurs preu­ves sur le marché du travail au cours d’un stage de douze mois. Pour finir, Power­co­ders travaille avec l’entreprise de stage pour trou­ver une solu­tion à long terme, sous la forme d’un emploi fixe ou d’un appren­tis­sage en infor­ma­tique, selon l’âge de la personne. «Le grand défi est de trou­ver les candi­dat-e‑s adéquat-e‑s», déclare Chris­tina Gräni. Pour ce faire, Power­co­ders travaille avec des ONG et des orga­ni­sa­ti­ons de réfu­giés dans toute la Suisse. Côté entre­pri­ses, le programme fonc­tionne. La demande est là. «C’est devenu un concept qui fonc­tionne au bout de cinq ans. Le bouche-à-oreille y est pour beau­coup», précise-t-elle. Mais pour que le programme fonc­tionne, il a égale­ment besoin de nombreux volon­tai­res, qui jouent entre autres le rôle de coachs profes­si­on­nels. «Ils doivent bien connaître le marché du travail suisse», précise-t-elle. Entre-temps, un vaste réseau d’anciens élèves a déjà été mis en place. Ce projet a néces­sité un déve­lo­p­pe­ment inten­sif pour voir le jour. Power­co­ders a, par exemple, négo­cié un accord avec chacun des cantons, lesquels pren­nent en charge une partie des coûts.

Une présence qui se diffuse dans son envi­ron­ne­ment. Desi­ree Palmen, inte­rior Camou­flage, Maas­tricht, 1999.

Mise en relation

Selon Monika Stampfli, le bon fonc­tion­ne­ment des auto­ri­tés et de l’action sociale est une grande force de notre pays. «Il y a néan­mo­ins toujours des lacu­nes. C’est là que nous inter­ve­nons.» Et de souli­gner: «Nous ne prenons pas en charge les presta­ti­ons qui incom­bent à d’autres orga­nis­mes, aux auto­ri­tés ou aux assu­ran­ces.» Walter von Arburg expli­que égale­ment: «En tant qu’organisme d’entraide qui apporte une aide d’urgence, le Sozi­al­werk Pfar­rer Sieber inter­vi­ent là où personne d’autre ne vient en aide – ni l’État ni d’autres orga­ni­sa­ti­ons à but non lucra­tif.»
L’objectif consiste toujours à aider les person­nes concer­nées de la manière la plus dura­ble possi­ble. Et Monika Stampfli d’ajouter: «Il n’est pas rare que plus­ieurs orga­nis­mes d’entraide apportent conjoin­te­ment leur aide.» Le travail de la fonda­tion pour les enfants atteints de cancer, Stif­tung für krebs­kranke Kinder, Regio Basi­li­en­sis, est axé sur une coopé­ra­tion ciblée. «Tout ce que nous faisons tourne d’une manière ou d’une autre autour de l’hôpital pédia­tri­que univer­si­taire des deux Bâle (UKBB) et de son service d’oncologie. Une bonne coopé­ra­tion est primor­diale – asso­ciée toute­fois à la distance néces­saire et à la liberté de décis­ion de notre conseil de fonda­tion». Seule la coopé­ra­tion permet d’aider les parents concer­nés. «Nous deman­dons toujours à l’hôpital de veil­ler à ce que ni l’ignorance ni la honte n’empêchent une famille de deman­der notre aide», souli­gne Paul Castle. Le fait que la fonda­tion ait un objec­tif très précis faci­lite égale­ment la coll­ecte de fonds. «Les conver­sa­ti­ons avec les potentiels dona­teurs et dona­tri­ces ne s’égarent donc pas, mais restent foca­li­sées sur un sujet qui touche de nombreu­ses person­nes», expli­que Paul Castle. «Quicon­que nous donne de l’argent sait exac­te­ment où il va.»

StiftungSchweiz encourage une philanthropie qui atteint plus avec moins de moyens, qui est visible et perceptible par tous, et qui apporte de la joie.

Suivez StiftungSchweiz sur