De nouveaux modèles de financement et des solutions innovantes suivant des critères entrepreneuriaux: Brainforest mise sur des méthodes inhabituelles pour atteindre les objectifs carbone planétaires.
Scientifiquement, c’est établi depuis longtemps: les forêts sont capables de fixer le carbone atmosphérique. Pour exploiter ce potentiel, il est néanmoins nécessaire de mener des efforts concertés et d’avoir des idées nouvelles. Pour la science, c’est réalisable. Et c’est ce que Brainforest, une association d’utilité publique, s’attache à montrer. En tant que Impact Venture Studio pour la forêt et le climat, Brainforest développe des solutions durables pour davantage de forêts et un meilleur climat. Deux de ces solutions prennent actuellement forme. Tout d’abord Xilva SA, en train de développer un marché en ligne international «qui offre aux investisseuses et investisseurs potentiels une solution transparente, simple et innovante pour investir dans des projets forestiers, simplifiant de ce fait considérablement l’acquisition de certificats carbone», explique Susanne Wittig, cofondatrice de Brainforest. L’accent mis sur les gaz à effet de serre n’est toutefois qu’un début. «En effet, le cœur du projet sont la forêt et tous ses services écosystémiques», dit-elle. C’est ainsi qu’a été fondée en un second temps l’Ecosystem Value Association (EVA) dont le but est de créer une norme climatique forestière numérique. Susanne Wittig ajoute: «L’objectif de l’EVA consiste à développer des normes d’évaluation des services écosystémiques, à donner de la visibilité à ces services et à permettre leur valorisation, c’est-à-dire à mettre en place des incitations économiques pour lutter contre le changement climatique.» La première étape vise à créer une norme climatique pour la reforestation de surfaces déboisées en Allemagne. D’ici à la fin de l’année, la norme doit permettre aux propriétaires forestiers allemands de rentabiliser leur contribution à l’atténuation du changement climatique sous forme de certificats carbone.
Brainforest emprunte également de nouvelles voies sur le plan du financement. Celui-ci est réalisé aussi bien à l’aide de fonds philanthropiques que d’investissements à impact, les deux se complétant. «Le capital philanthropique nous sert de capital risque», affirme Susanne Wittig. Il faut en effet avoir le courage d’expérimenter de nouvelles pistes pour lutter de manière innovante contre le changement climatique: or, les modèles commerciaux renouvelables exigent par exemple souvent une grande intensité de recherche et sont donc peu attrayants pour les investisseurs classiques. Les dons peuvent aider à réaliser des investissements dans des ventures «Impact first». «Le projet attire ainsi davantage d’investissements, ce qui permet au venture d’avoir des effets exponentiels», ajoute Susanne Wittig. Il est essentiel de clarifier au préalable s’il s’agit de dons ou d’investissements. «Cette distinction intervient lors de la constitution du venture», précise Susanne Wittig.
De la génération de l’idée jusqu’au développement et à l’essaimage du modèle commercial, tout se déroule au sein du Brainforest Venture Studio. Les dons et les remboursements issus des ventures financent cette association exonérée d’impôts. La fondation de ventures indépendants fait circuler le capital d’investissements à impact. Ce financement élargi rend les projets pionniers attrayants pour les investisseurs et les donateurs les plus divers. Ainsi, le premier donateur a été le Fonds pionnier Migros. Le Studio a depuis attiré des fonds provenant de fondations, d’investisseurs privés, de bureaux de gestion de patrimoine (family offices) et d’une banque durable. 20 millions supplémentaires d’hectares de forêts absorbant plus de 3 Gt de CO2 d’ici 2050 – voilà ce que Brainforest peut escompter atteindre avec son approche.